Tito Barahira restera en prison

Suite à sa demande de remise en liberté, Tito Barahira comparaissait mardi dernier 16 avril devant la Chambre de l’Instruction du TGI de Paris. La séance se déroulait à huis clos. L’audience a commencé par le rappel des faits et des charges retenus contre le prévenu. L’avocat général a requis ensuite la confirmation de l’ordonnance de mise en détention provisoire de monsieur Barahira.

Puis c’est Maître Philippe Meilhac, l’avocat de la défense, qui a pris la parole. Il a commencé par affirmer que, dans l’ensemble des dossiers concernant des présumés génocidaires, il convenait de « se garder de toute émotion » et que le CPCR avait agi « sous le coup d’une certaine émotion » dans le cadre des plaintes qu’il a déposées! Il a ajouté que les réquisitions du Procureur étaient également guidées par « une certaine émotion ! Probablement une façon de minimiser la qualité certaine de ces plaintes ! Il a ensuite repris chacun des éléments de l’ordonnance du Procureur pour les démonter un à un: sur le risque de dépérissement des preuves, sur le risque de concertation frauduleuse, sur le risque de pression sur les témoins ou les victimes, sur le trouble à l’ordre public et sur les garanties de représentation.

Maître Emmanuelle Debouverie, avocate du CPCR, a fait valoir ses raisons pour lesquelles monsieur Barahira devait rester en détention.

L’avocat général a semblé étonné par la virulence des propos de la défense. Elle a ensuite lu des passages de l’acte d’accusation de monsieur Barahira, que l’on continue d’ailleurs à appeler par son pseudonyme, Barahirwa, acte émis par les autorités rwandaises. Elle a également rappelé que si la Cour d’appel de Toulouse avait, le 1 mars 2012, émis un avis défavorable à l’extradition de monsieur Barahira, c’était en raison d’une irrégularité formelle de l’acte. Madame l’avocate générale a invoqué la nécessité de maintenir Barahira en détention en raison des risques évidents de concertation avec monsieur Ngenzi, au vu du réquisitoire du Procureur demandant la jonction de l’affaire, le 5 décembre 2012. Evoquant  « l’émotion » dont parlait « en ricanant » (ce sont ses termes) maître Meilhac, l’avocate générale a affirmé que c’est précisément cette émotion qui constitue l’essence même du trouble à l’ordre public que causerait la libération de monsieur Barahira, « émotion légitime suite au génocide ». Après avoir rappelé que de nombreux « présumés génocidaires » vivaient en France sans avoir été jugés: »On espère qu’un jour seront prononcées des condamnations ». De tels propos sont nouveaux dans la bouche d’un avocat général et semblent bien montrer que quelque chose a commencé à changer. En conclusion, elle a demandé le maintien de monsieur Barahira en détention dont elle a « bien peur qu’il ait participé au génocide »

Monsieur Barahira, d’une voix presque inaudible (il est assez gravement malade, est dialysé tous les deux jours et serait en attente d’une greffe selon son avocat), a indiqué que l’ensemble des accusations portées contre lui étaient fabriquées et qu’il n’a jamais participé à tous ces actes ni ne les a commandités.

La décision, mise en délibéré, a été rendue hier: monsieur Barahira est maintenu en détention. Il a rejoint, non pas la prison de la Santé mais la prison de Fresnes où il peut recevoir plus facilement les soins dont il a besoin.

Cette décision ne peut que nous conforter dans notre détermination. Nous attendons maintenant que messieurs Barahira et Ngenzi soient à leur tour traduits devant une Cour d’assises. A noter également que plusieurs enquêteurs se trouvent actuellement en commission rogatoire au Rwanda dans au moins six dossiers.

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