Pascal Simbikangwa sera donc jugé devant une Cour d’assises. Les juges d’instruction viennent de se prononcer à leur tour en reprenant à leur compte le réquisitoire du parquet. Plus rien, ou presque, ne pourra désormais s’opposer à ce que celui que l’on appelle « le tortionnaire » rende des comptes à la justice de notre pays. Nous pouvons regretter que les juges n’aient pas jugé bon de requalifier les « non lieux partiels » demandés par le procureur: ils estiment en effet que les actes de tortures sont prescrits et que la présence de Simbikangwa à Kesho, le 8 avril 1994, colline sur laquelle plus de mille Tutsi ont été tués, n’est pas attestée. Ce n’était pas notre avis mais les juges s’en sont tenus au réquisitoire du Parquet. A l’heure qu’il est, nous n’avons pas décidé encore de faire appel; nous ne connaissons pas non plus la position de la défense.
Toujours est-il que nous ne pouvons que nous réjouir de cette décision qui, même si elle est tardive, permettra d’organiser en France un procès d’assises contre un présumé génocidaire. Moment historique sans aucun doute ! Mais il restera à gagner ce procès tant attendu: le combat prend une autre dimension aujourd’hui.
Cet événement ne doit pas nous faire oublier tous les autres dossiers en attente. On aurait pu espérer que des décisions soient prises aussi dans les affaires Munyeshyaka et Munyemana, en particulier, dans la mesure où les plaintes datent de près de 19 ans. Nous ne baisserons pas la garde et continuerons à suivre ces dossiers avec la plus grande vigilance. Sans compter les nouvelles plaintes que nous pourrions être amenés à déposer sur le bureau des juges. Comme nous aimons à le rappeler, le combat ne fait peut-être que commencer. Il sera long et nous aurons besoin de l’aide du plus grand nombre pour que justice soit rendue aux victimes du génocide des Tutsi.