« Un génocide sans importance » au Rwanda en 1994.
L’avocat général, monsieur Courroye, avait commencé son réquisitoire dans le procès d’assises Ngenzi/Barahira en évoquant les grands événements qui avaient marqué l’année 1994: mort du coureur automobile Ayrton Senna, inauguration du Tunnel sous la Manche, Nelson Mandela devient président de l’Afrique du Sud, la finale de la quinzième coupe du monde de football…. mais certainement pas le génocide des Tutsi du Rwanda qui fera plus d’un million de victimes…. Mercredi, c’est pratiquement dans l’indifférence générale que la Cour d’assises de Paris a condamné à la réclusion criminelle à perpétuité messieurs NGENZI et BARAHIRA pour « génocide et crimes contre l’humanité« . Il faut dire que toute notre attention est attirée par les problèmes de sécurité, le Brexit, l’Euro de football, la crise, la comparution immédiate de casseurs, le chômage…. On peut toutefois s’étonner qu’une telle condamnation soit passée ainsi sous silence. Désintérêt, racisme, indifférence? Peut-être tout cela à la fois. On dit parfois qu’on a les hommes politiques qu’on mérite, les médias qu’on mérite… mais tout de même. Alors merci aux quelques médias, de la presse écrite notamment, qui ont fait l’effort de suivre ce procès et honte à tous les autres qui estiment qu’au Rwanda s’est déroulé, en 1994, dans l’indifférence quasi générale [1], un « génocide sans importance. »
Alain GAUTHIER
- A ce propos, Maître Sabrina GOLDMAN et Maître Rachel LINDON ont publié une tribune le 7 juillet à l’issue du procès dans Libération : Rwanda : l’indifférence, un racisme qui ne dit pas son nom