Procès RWAMUCYO, jeudi 3 octobre 2024. J3


 

Fin de l’audition de madame Mamérique MUKAMUNANA commencée la veille. L’accusation et la défense n’avaient pas eu le temps de prendre la parole.

Monsieur l’avocat général, Nicolas PERON, va soumettre le témoin à une série de questions qui appellent des réponses rapides. Madame MUKAMUNANA a été recrutée par l’ORINFOR, Office Rwandais d’Information où elle était chargée de l’animation et de la production. Quant au MRND[1], elle n’a jamais été officiellement adhérente. Elle ne sais pas si son mari avait adhéré à un parti. Elle n’est jamais allé à un meeting. Son mari? « Je pense, une fois, oui, mais ne sais pas quel parti. Je ne m’intéressais pas beaucoup à la politique. »

Monsieur le président intervient pour lui faire remarquer que c’est tout de même elle qui connaissait le mieux son mari! Qu’il s’est rendu un jour à un meeting de la CDR[2]. « Je sais qu’il est parti à un meeting » répond-elle.

Monsieur l’avocat général reprend. Jean-Bosco BARAYAGWIZA[3]), elle ne le connaît pas mais son mari s’est bien rendu à son enterrement (NDR. Au cimetière de SANNOIS, dans la région parisienne, où il a été arrêté.)

La RTLM, elle l’écoutait, mais elle n’a jamais été tentée d’y travailler. (NDR. Monsieur Srephen SMITH, lors de son audition, affirmera qu’on ne pouvait pas l’entendre à plus de 100 km de Kigali! BUTARE est à 125 km de la capitale!)

Des barrières à BUTARE? « Je ne connaissais pas bien BUTARE. Il y en avait une à l’embranchement de la route qui mène à GIKONGORO. Je me déplaçais avec la voiture de l’ORINFOR et on passait sans problème. Je n’ai jamais vu de militaires aux barrières, je n’ai jamais vu de cadavres pendant le génocide. » Elle reconnaît avoir rencontré des autorités à GIKONGORO, avoir fait un enregistrement, mais elle ne se souvent plus de quelle rencontre il s’agissait.

« La rencontre avec Jean KAMBANDA[4] à BUTARE, le 14 mai 1994, vous y étiez? Vous seriez intervenu dans l’enregistrement en amont du discours du premier minsitre« , interroge le représentant du ministère public.

« J’y suis allée comme citoyenne fonctionnaire. J’assistais mon collègue de l’enregistrement. Je ne faisais jamais le journal de l’information. J’étais à l’animation production, rarement à l’information. » ( NDR. Lors de cette rencontre, son mari a pris longuement la parole. Au cours de ses enquêtes, en amont de la plainte, le CPCR avait fini par obtenir une cassette sur laquelle était enregistré le discours de monsieur RWAMUCYO.)

Pauline NYIRAMASUHUKO, la ministre de la famille[5]? « Je l’ai rencontrée avant le génocide mais je ne lui ai jamais parlé. La réunion du 16 mai 1994 à la Préfecture, un conseil de sécurité, je n’y suis pas allée. »

Monsieur PERON: « Des propos enregistrés et lus par vous, parlant de la nécessité de débroussailler, de chasser les Inyenzi[6]? Vous confirmez? » Réponse du témoin: « Ce vocabulaire n’est pas le mien. »

Le type du véhicule qui les a conduits au Zaïre? Elle ne sait pas. Ils ont voyagé avec le corps d’un ami de son mari, Phocas HABIMANA, décédé au moment où ils l’ont mis dans la voiture. Direction GATONDE, lieu d’origine de son mari, puis CYANGUGU d’où elle est originaire et passage de la frontière à BUKAVU.

Suivent quelques échanges un peu tendus entre  l’avocate de l’accusé et le président qui souhaite avoir une clarification. En réponse, le témoin déclare que lors de son séjour à BUTARE, elle n’a vu qu’une seule barrière en ville en allant à son bureau de l’ORINFOR qui se trouvait en face du marché. Pour aller au travail, c’est un chauffeur qui venait la prendre chez elle. Elle se rendait à son bureau une ou deux fois par semaine. Elle n’avait qu’un collègue qui travaillait avec elle. Elle répète qu’elle n’a pas vu de miliciens, ni de cadavres à BUTARE, ce qui provoque l’étonnement de monsieur le président de la cour.

Maître MATHE éprouve le besoin d’intervenir: « Madame, vous n’êtes accusée de rien. On cherche à vous déstabiliser ( NDR. Ce n’est peut-être pas le mot employé par l’avocate, mais le sens y est.)

Monsieur le président intervient alors pour la faire taire, ce qu’elle refuse de faire. Le ton monte, et devant un nouveau refus de l’avocate, monsieur LAVERGNE décide de suspendre l’audience.

 

Audition de monsieur Alain VERHAAGEN, cité par le ministère public

Monsieur VERHAAGEN intervient aussi bien comme universitaire que comme témoin direct du génocide, puisqu’il se trouve au Rwanda en mai et juin 1994. Il y accompagna une mission de Médecins Sans Frontière Belgique (MSF) en tant que conseiller dépêché par le Ministre belge de la coopération. Ainsi, sa déposition expose des éléments généraux relatifs au génocide, exemplifiés et supportés par ses souvenirs propres. Il précise également que c’est son dixième procès de ce type.
Au cours de sa mission avec MSF, il s’interroge sur les éléments qui ont poussé tant d’adultes à tuer, et sur ce qu’il appelle la « soumission à l’autorité ». Se fondant sur des expériences antérieures et largement reprises, il avance que la violence extrême, lorsqu’elle est ordonnée par une autorité perçue comme légitime, devient elle-même légitime. C’est ainsi qu’il a été amené à rechercher des traces de non-spontanéité dans les massacres. Parmi celles-ci figure la méticulosité déployée par les tueurs pour assassiner des Tutsi refugiés dans l’église de NTARAMA. Il remarque que les victimes avaient sûrement connaissance des risques qui planaient sur elles, puisque elles sont nombreuses à avoir pris des effets personnels.

Par ailleurs, la dimension récursive des massacres, qui se déroulent de la même manière sur tout le territoire rwandais, l’amène à écarter l’idée d’une « colère de la population » après l’attentat du 6 avril. Il parle au contraire d’une forme de préméditation, d’une « entreprise criminelle ». Cette répétition systématique a été d’autant plus dévastatrice que le Rwanda est un pays très densément peuplé, où tout le monde connaît tout le monde. Ceci a rendu l’identification des personnes à abattre très facile.
Monsieur VERHAAGEN consacre une partie de sa déposition aux violences sexuelles déployées comme outil du génocide. Interrogé par une avocate des parties civiles sur ces violences, il souligne qu’elles sont pensées au préalable. Elles ont eu pour but de s’attaquer directement à l’identité et à la filiation.

Il évoque également la manière dont les médias étrangers – et particulièrement occidentaux – se sont intéressés au génocide. Monsieur VERHAAGEN explique ainsi que c’est le hasard qui amèna de nombreuses équipes de France 3, CNN ou encore RTL à être directement les témoins des massacres. C’est lui-même qui accueille et montre l’église de NTARAMA à ces équipes. À la suite de ces échanges, un documentaire dans l’émission « La Marche du Siècle », sur France 3[7], revient sur le caractère inéluctable et les fondements du génocide. En revanche, le témoin expose comment ce qu’il appelle les « durs du régime », dont fait partie le colonel Théoneste BAGOSORA[8], ont manœuvré pour faire fuir les Occidentaux du Rwanda avant le génocide. Le très faible nombre de témoins étrangers devait faciliter l’entreprise d’extermination.

Monsieur le président interroge monsieur VERHAAGEN sur la notion d’ethnie, ce qui l’amène à évoquer le rôle des colonisateurs allemands et belges dans la fixation et la racialisation des identités[9].

Suivant la longueur de leur nez, les Rwandais étaient classés comme Hutu ou Tutsi
Suivant la longueur de leur nez, les Rwandais étaient classés comme Hutu ou Tutsi

De ce processus naît une véritable haine, qui débouche à partir de 1959 sur des massacres à répétition. Le témoin est par la suite interrogé sur des éléments aussi divers que les quotas dans les écoles du pays, l’administration rwandaise, l’enfouissement des corps comme stratégie de dissimulation ou encore la fuite du gouvernement intérimaire. Sa déposition est l’occasion d’éclaircir des points de géographie, de politique (comme la formation du mouvement « Hutu Power »[10]) ainsi que d’effleurer la question du double langage utilisé par les tueurs et les idéologues.

La question de la planification du génocide est sûrement celle qui a occupé le plus de temps. Soulignant la réactivité de la mise en place des barrières à Kigali, vingt minutes après l’attentat contre l’avion présidentiel, et l’élimination des opposants Hutu – ceux qui auraient pu s’opposer au génocide – il considère que la théorie de la planification antérieure du génocide est la plus probable. La défense concentrera l’essentiel de ses questions – et commentaires – à ce sujet. Elle l’interroge sur ses contradictions avec les travaux d’autres chercheurs, comme monsieur Filip REYNTJENS, et sur son manque apparent d’intérêt pour la jurisprudence du TPIR. Ces attaques sont largement écartées par le témoin, qui conteste d’ailleurs plusieurs termes que la défense lui prête à tort. Il ne considère pas que l’acquittement de six ministres du gouvernement intérimaire par le TPIR remet en cause son interprétation, puisque ce n’est qu’ « une vérité judiciaire ». L’avocate de la défense lit un passage décrivant la débandade du gouvernement intérimaire fuyant vers GITARAMA mi-avril 1994 afin de montrer qu’aucune « machine destructrice » et planifiée n’était en œuvre. Cette démonstration quelque peu fumeuse échoue à déstabiliser monsieur VERHAAGEN, dont l’exposé n’aura pas manqué d’éclairer les jurés.
PS. On pourra se rapporter à l’audition de monsieur Alain VERHAAGEN dans le procès de monsieur Philippe MANIER, ainsi que celle dans le procès de monsieur Sosthène MUNYEMANA.


Audition de Madame Hélène DUMAS, citée par le ministère public

L’audition de l’historienne madame DUMAS commence à 16h20, après que l’avocate de la défense ait annoncé avoir déposé de nouvelles pièces portant sur les gacaca[11]. Chercheuse au Centre National de Recherche Scientifique (CNRS), madame DUMAS s’est attachée à établir les principaux points communs partagés par le génocide des Arméniens, la Shoah et le génocide des Tutsis au Rwanda.

À ce titre, elle dégage cinq facteurs.

En premier lieu, le témoin évoque l’importance de l’idéologie. Les génocides du XXème siècle partagent un terreau idéologique et intellectuel commun qu’est la pensée raciste et raciale développée au XIXème siècle par les Européens. Des catégories fixes et hiérarchiques sont ainsi établies. Fondées sur des stéréotypes racistes, elles constituent un socle idéologique favorable à la haine et aux entreprises génocidaires.

En deuxième lieu, madame DUMAS note l’importance du contexte de guerre, qui s’accompagne d’un processus de militarisation des civils. Les civils ciblés – hommes, femmes et enfants – sont pensés comme des combattants fantasmés, des ennemis infiltrés, qui doivent être éliminés. Les autres civils sont mobilisés afin de participer à cette élimination. Cette logique est renforcée dans le cadre d’une défaite militaire, le génocide apparaissant comme une revanche de la débâcle lors des combats.
Un autre critère est l’importance de l’État, sans lequel il ne peut y avoir de génocide. Il permet de mobiliser les ressources nécessaires, tout en légitimant les massacres et en assurant l’impunité des tueurs.

Pour madame Dumas, le cœur de l’intention génocidaire se situe dans la volonté de détruire la filiation. Faisant écho à ce qu’expliquait monsieur VERHAAGEN, elle insiste sur le ciblage propre du génocide, les femmes et les enfants étant les principales victimes. Les tueurs cherchent à établir une rupture dans la filiation, à détruire le futur de la communauté. En ce sens, les estimations du nombre de femmes violées au cours du génocide des Tutsi oscillent entre 250 000 et 500 000. Ce « saccage de la filiation » permet de distinguer véritablement le génocide des autres crimes de masse. Les enfants rescapés souffrent d’importants traumatismes. Une enquête diligentée par l’UNICEF en 1994 répertorie le « syndrome du chasse-mouche » chez ces enfants, pris de gestes répétitifs ; ils sont destinés à chasser les mouches des corps de leurs parents. C’est l’occasion pour le témoin d’évoquer ses travaux, répertoriant une centaine de témoignages d’enfants pendant le génocide[12].

Une question portera sur le sort des personnes âgées : l’immense proportion de personnes abattues parmi cette catégorie de la population témoigne d’une volonté de détruire également le passé de la communauté. La même logique se retrouve dans la destruction systématique des biens appartenant aux Tutsi. Les tueurs laissent derrière eux des « collines nues ».

Le témoin termine son énumération en soulignant l’importance de la duplicité et de la dissimulation. Elle rapporte ainsi le témoignage de Philippe GAILLARD, à la tête de l’équipe du CICR à KIGALI, relatant l’entreprise de ramassage à grande échelle des cadavres (67 000) de la capitale à la fin du mois d’avril. Cette dissimulation est telle que l’on retrouve encore chaque année des corps et des fosses communes, alors même que le mémorial de GISOZI ne peut plus accueillir de dépouilles. La duplicité prend des formes linguistiques, au regard du double langage utilisé par les tueurs et les idéologues. Interrogée plus avant à ce sujet par monsieur le président, madame DUMAS décrit ce processus d’animalisation, d’euphémisation.

Les questions de monsieur le président conduiront le témoin à évoquer les massacres précédant 1994, et notamment ceux de Noël 1963 dans la préfecture de GIKONGORO. Ce sera l’occasion pour madame DUMAS de décrire ce temps long, ce contexte du génocide. Elle considère que ce temps long s’étend également au négationnisme, qui fait perdurer l’idéologie génocidaire pendant et après la fin des massacres. Elle décrit les différentes formes du discours négationniste. Les gacaca et autres formes de justice sont évoquées par madame DUMAS, qui insiste sur leurs enjeux et limites.
Interrogée elle aussi sur la planification, elle considère que de nombreux éléments comme la préparation des milices, l’arrière-plan culturel constitué par le discours de haine – relayé notamment par la RTLM[13] – ou encore les quotas ethniques en sont des preuves.

C’est à cette occasion qu’elle revient sur les dynamiques locales d’interconnaissance (comme les relations de voisinage) propre au génocide des Tutsi. Elle décrit une « machine de mort » dont l’efficacité est permise par cette double tenaille que constituent l’État et les voisins.

Maître AUBLE interroge le témoin sur le nettoyage des cadavres réalisé sous les ordres des préfets, RENZAHO à Kigali. À Kibuye, c’est Clement KAYISHEMA qui lance le ramassage des corps qui seront jetés dans dans fosses communes.. L’avocate d’IBUKA permet au témoin de souligner les liens qui existent entre IBUKA France et IBUKA Rwanda.

Un avocat de la FIDH demande si le négationnisme  se manifeste encore aujourd’hui. La thèse du double génocide n’est pas morte. Maître Mathieu QUINQUIS, de la LICRA, pose une question sur le rôle des intellectuels dans le génocide ainsi que celui des partis politiques. Quant à monsieur le président, il va permettre au témoin de revenir sur le rôle de l’Eglise ( NDR. Monseigneur NSENGIYUMVA a été longtemps membre du Comité Central du MRND[1])

D’autres questions évoqueront le Cercle des Républicains, les acquittements dans les gacaca, les listes des Tutsi à éliminer, le MDR[14] qui se présente comme un mouvement pacifiste.

Lorsque maître MATHE prend la parole, elle commence par dire qu’elle va en avoir pour 1 heure et vu l’heure tardive, peut-être vaudrait-il mieux suspendre l’audience. Monsieur le président refuse et lui demande de poser ses questions. Elle consteste systématiquement la plupart des propos de madame DUMAS, sur un ton qu’on lui connaît depuis longtemps. Pour elle, rien ne prouve qu’il y a eu entente. Et de revenir sur l’affaire BAGOSORA ( NDR. Elle se garde de dire que cette entente en vue de commettre le génocide a été prononcée dans d’autres affaires au TPIR. Pas de planification, pour elle, puisque, comme GUICHAOUA, elle fait commencer le génocide au 11 avril, lors de la fuite du gouvernement intérimaire à Gitarama. Qu’en est-il des victimes assassinées entre le 6 avril au soir et le 11? Ce ne sont pas des victimes du génocide?) L’avocate de la défense gardera son ton agressif et quelque peu méprisant jusqu’à la fin de l’audience que monsieur le président est heureux de suspendre. Il est près de 20h30.

PS. On peut se référer également à l’audition de madame Hélène DUMAS dans le procès de monsieur Sosthène MUNYEMANA.

Jules COSQUERIC, bénévole

Alain GAUTHIER, président du CPCR

Jacques BIGOT pour les notes et la mise en page

 

  1. MRND : Mouvement Révolutionnaire National pour le Développement, parti unique de 1975 à 1991 fondé par Juvénal HABYARIMANA, renommé ensuite Mouvement Républicain National pour la Démocratie et le Développement[][]
  2. CDR : Coalition pour la défense de la République, parti Hutu extrémiste, créé en mars 1992, au moment des massacres de Tutsi dans le Bugesera. La CDR a également une milice, les Impuzamugambi., cf. glossaire[]
  3. Jean-Bosco BARAYAGWIZA était président de la CDR, parti extrémiste et un des fondateurs de la RTLM(Radio Télévision Libre des Mille Collines – cf. Focus : LES MÉDIAS DE LA HAINE[]
  4. Jean KAMBANDA : Premier ministre du GIR (Gouvernement Intérimaire Rwandais) pendant le génocide. Voir Focus – L’État au service du génocide. Voir également son audition du 11 octobre 2024.[]
  5. Pauline NYIRAMASUHUKO : ministre de « la Famille et du  Progrès des femmes » à partir de 1992 jusqu’à la fin du génocide, n’hésite pas à inciter les tueurs, voire son fils Shalom, à violer les femmes tutsi. Jugée au TPIR et condamnée à perpétuité en 2011, peine réduite à 47 années de prison en 2015. Voir également: Madame Pauline, la haine des Tutsis, un devoir historique, podcast de France Culture, 28/4/2023.[]
  6. Inyenzi : Cafard en kinyarwanda, nom par lequel les Tutsi étaient désignés par la propagande raciste, cf. Glossaire.[]
  7. « Rwanda : autopsie d’un génocide », documentaire réalisé par Philippe LALLEMANT, diffusé en septembre 1994 dans l’émission « La marche du siècle » présentée par Jean-Marie CAVADA sur France 3.[]
  8. Chef de cabinet du ministre de la défense du gouvernement intérimaire, désigné comme membre de l’Akazu et du Réseau Zéro, le colonel BAGOSORA est un des piliers du pouvoir. Il a contribué à armer les Interahamwe à partir de 1991 et a joué un rôle clé dans l’organisation des milices début avril 94. Après l’attentat du 6 avril, il prend la tête d’un comité de crise et installe au pouvoir les extrémistes Hutu. Condamné par le TPIR (Tribunal pénal international pour le Rwanda), à la prison à vie en 2008 pour génocide, crimes contre l’humanité et crimes de guerre, sa peine a été réduite à 35 ans de prison en appel en 2011.
    Voir le glossaire pour plus de détails.[]
  9. Voir Repères : les origines coloniales du génocide []
  10. Hutu Power (prononcé Pawa en kinyarwanda) traduit la radicalisation ethnique d’une partie des militants des mouvements politiques. À partir de 1993, la plupart des partis politiques se sont disloqués en deux tendances : une extrémiste dite « power » (ex. MDR-POWER; MRND-POWER; PL-POWER, etc), et dite « modérée », rapidement mise à mal, cf. glossaire.[]
  11. Gacaca : (se prononce « gatchatcha »)
    Tribunaux traditionnels au Rwanda, réactivés en 2001 et opérationnelles à partir de 2005, en raison de la saturation des institutions judiciaires pour juger des personnes suspectées de meurtre pendant le génocide. Composées de personnes élues pour leur bonne réputation, les Gacaca avaient une vocation judiciaire et réconciliatrice, favorisant le plaider coupable en contrepartie de réduction de peines. Près de 2 millions de dossiers ont été examinés par 12000 tribunaux gacaca avant leur clôture officielle le 18 juin 2012, cf. glossaire.[]
  12. Sans ciel, ni terre : paroles orphelines du génocide des Tutsi (1994-2006), Paris, La Découverte, 2020.
    Hélène Dumas a notamment aussi publié Le génocide au village : le massacre des Tutsi au Rwanda, Paris, Éditions du Seuil, 2014[]
  13. RTLM : Radio Télévision Libre des Mille Collines – cf. Focus : LES MÉDIAS DE LA HAINE[]
  14. MDR : Mouvement Démocratique Républicain, voir glossaire[]

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