Commencée à 14h30, cette première journée du procès de Claude MUHAYIMANA aurait pu se dérouler dans la sérénité. Elle devait être consacrée à la recevabilité des parties civiles, en particulier celles présentées par le CPCR. Mais c’était sans compter avec l’attitude des avocats de la défense qui n’ont pas daigné observer un round d’observation. D’emblée, maître MATHE, qu’on a connue dans une affaire précédente[1], a plaidé pour l’irrecevabilité des parties civiles. Le CPCR, comme les autres parties civiles, aurait incité des rescapés à se constituer parties civiles sans prouver ni les liens de parenté avec les victimes, ni le lieu de leur exécution, ni la date du décès. C’est évidemment méconnaître, bien quelle s’en défende, ce qu’a été le génocide des Tutsi, tout particulièrement dans l’ancienne préfecture de Kibuye, sur les collines alentour: Karongi, Gitesi, Muyira, Bisesero … L’avocate générale a toutefois tenu à préciser: « Nous n’exigeons pas les preuves impossibles. »
Dans la séquence consacrée à l’appel des témoins, dont certains seront difficiles à contacter et surtout à auditionner vu qu’ils habitent qui le Cameroun, qui le Malawi , la défense n’a pas manqué de mentionner que le Rwanda était « une dictature »: mais on connaît la chanson!
La dernière partie de cette journée a été consacrée à la lecture des faits reprochés à l’accusé (la suite sera exposée demain) et à l’évocation des différents documents qui seront versés au débat, soit par le président de la cour d’assises, soit par les avocats de la défense soit par le ministère public.
Alain GAUTHIER, président du CPCR
- Me Françoise MATHE avait assuré la défense de M. NGENZI lors de son procès en 2016.
Sa plaidoirie avait duré près de 6 heures.[↑]