Procès historique aux assises de Paris.

Du 4 février au 28 mars 2014 se déroulera le premier procès d’assises contre un présumé génocidaire rwandais présent sur le sol français. Malgré la satisfaction de voir enfin, près de vingt ans après le génocide des Tutsi, un des hauts responsables rwandais jugé par la justice française, nous ne cesserons de regretter qu’il ait fallu autant de temps pour que ce premier procès ait lieu. L’ex-capitaine de l’armée rwandaise, Pascal Simbikangwa, connu pour ses activités de tortionnaire bien avant le génocide, qui a participé aux massacres alors que depuis quelques années il se déplaçait en fauteuil roulant, sera enfin jugé. Les juges d’instruction ont suivi dans leur ordonnance le réquisitoire du Parquet et ont décidé des non-lieux partiels à propos de faits que nous aurions bien voulu voir être retenus, en particulier en ce qui concerne les actes de torture, « prescrits », et la présence de Simbikangwa sur la colline de Kesho où plus de 1500 Tutsi ont été exécutés, présence attestée par de nombreux témoins!

Toujours est-il que le procès aura lieu et qu’il faudra convaincre un jury populaire dont la plupart des membres ne connaissent peut-être que peu de choses sur le génocide perpétré au Rwanda. Un procès n’est jamais gagné d’avance: c’est la raison pour laquelle nous devrons nous battre pour que Pascal Simbikangwa soit reconnu coupable des faits qui lui sont reprochés. En déposant plainte contre lui, le CPCR ne s’est pas engagé à la légère. Nous avons de vraies raisons de le poursuivre, beaucoup de témoins et d’historiens le mettent en cause. « Sans haine ni vengeance », nous souhaitons que soit reconnue sa responsabilité individuelle.

Si Pascal Simbikangwa est le premier Rwandais à rendre des comptes à la justice, ce n’est pourtant pas la plainte la plus ancienne et on ne peut que dénoncer les lenteurs insupportables de la justice française pendant près de dix-huit ans. Dénoncer aussi le fait que jamais le Parquet ne s’est résolu de lui-même à poursuivre des présumés génocidaires alors qu’il aurait pu, qu’il aurait dû le faire. Sans le travail titanesque des parties civiles, personne n’entendrait plus parler de la présence de présumés génocidaires rwandais sur le sol français et le procès de Simbikangwa n’aurait jamais eu lieu. Reconnaissons cependant le travail et l’implication des juges d’instruction et des enquêteurs depuis la création du « pôle crimes contre l’humanité » au TGI de Paris et souhaitons que ce procès soit le premier d’une longue série.

Un procès coûte cher pour les parties civiles. C’est la raison pour laquelle nous lançons à nouveau un appel à tous ceux qui croient que la justice est un passage obligé pour rétablir les victimes dans leur dignité. Vous pouvez  nous aider en faisant un don. Soit en vous rendant sur le site du CPCR et en faisant un virement bancaire, soit en adressant un chèque au CPCR, 61 Avenue Jean Jaurès  51100 Reims. Tout don donne droit à remise d’un reçu fiscal pour déduction d’impôt pour ceux qui paient des impôts en France. Merci à tous ceux qui accepteront de nous aider. Et rendez-vous au TGI de Paris à partir du 4 février pour soutenir les parties civiles dans leur combat pour la justice.

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