Procès HATEGEKIMANA/MANIER, mardi 30 mai 2023. J12



Audition de madame Eugénie MUREBWAYIRE, en visioconférence de KIGALI, souhaite se constituer partie civile à l’audience, convoquée en vertu du pouvoir discrétionnaire du président.

Nyabubare

Avant le génocide, nous avions une famille de 15 membres, aujourd’hui nous ne sommes plus que 3, les autres ont été tués pendant le génocide. Parmi les 3, je suis la seule qui était à la maison et qui est au courant de tout ce qui s’est passé.

Pendant le génocide, nous étions tous scolarisés, je venais de terminer la 1ère année de primaire. Tous les autres étudiaient aussi, ils étaient tous intelligents, mais après le primaire, il était difficile d’avoir accès à l’enseignement secondaire. Mon père était vétérinaire. Ma grande sœur était chargée des affaires sociales dans une localité. Mon père était connu comme un Tutsi et cela nous portait préjudice, parce que nous ne pouvions pas passer les concours pour l’école secondaire. Même si on réussissait le concours, mon père devait graisser la patte au commandant pour avoir une place dans les écoles privées.

L’idéologie du génocide date depuis longtemps au vu des difficultés pour accéder à l’enseignement et puis, on nous posait des questions concernant notre appartenance ethnique. A la sortie des classes, nous devions rentrer en courant parce que les enfants et certaines institutrices nous frappaient notamment l’institutrice Agnès.

Nous étions une famille aisée, nous ne manquions de rien. Nous avions des maisons mises en location. Finalement, la situation a commencé à se dégrader, nous avons été dépouillés de nos propriétés foncières. Mon père préférait garder le silence parce qu’il présumait ce qui allait suivre. Je me rappelle que, quand nous étions à l’école primaire, les gens étaient contents de la mort de RWIGEMA (NDR. Fred RWIGEMA était le leader du FPR et sera tué dès le début des combats). Le génocide se préparait depuis longtemps.

En 1994, il y avait un seul parti politique, le MRND[1]. Le MDR[2] et le PSD[3] Pawa[4] ont commencé à préparer le génocide. Je me souviens qu’au début les Interahamwe[5] du MDR[2] sont venus fouiller à la maison, pour perquisitionner des armes qui nous auraient été données, mais ce n’était pas vrai. Ils ont frappé mon père et ont fouillé partout.

Après que ma grande sœur a terminé ses études, elle a voulu aller à l’université mais elle n’a pas eu de place. La situation a évolué de mal en pis jusqu’en 1994 et la chute de l’avion. J’étais la seule fille à la maison, je me suis retrouvée avec mes frères dans la chambre. J’ai vu que tout le monde avait peur, j’ai demandé ce qui était arrivé, ils ont dit que HABYARIMANA était décédé. Les voisins avaient dit que d’un moment à l’autre nous allions mourir. Ce qui nous a fait peur c’est qu’un jour, nous étions dans la cour extérieure en train de jouer comme font les enfants. Quelqu’un est arrivé et nous a demandé pourquoi nous étions regroupés. C’était notre ouvrier agricole. De sa machette, il a frappé un de nos enfants aux fesses. Nous avons couru pour le dire à notre maman à la maison. Elle a dit que nous devions garder courage, que c’était fini pour nous et que nous allions être tués.

Ces intimidations ont continué. Chez nous à NYABUBARE nous étions les premiers sur la liste. Nous étions une famille connue, donc nous avons commencé à dormir à l’extérieur. Nous avons quitté notre maison, nous sommes allés à NDUNZU.  Arrivés là-bas on nous a dit qu’on n’était pas en sécurité non plus. A NDUNZU, nous avions l’intention de nous cacher dans une famille. Nous étions passés par la route et le chemin fut long. Nous avons passé la nuit sous la pluie. Cette situation a perduré depuis la mort du président jusqu’au 21 avril. Durant cette période, on nous disait qu’aucun Tutsi n’avait l’autorisation de passer la nuit à la maison. Cette situation était difficile, c’est même difficile pour nous de le répéter mais nous gardons courage.

Le génocide à NYANZA et dans la région de BUTARE n’avait pas commencé au début comme c’était le cas à KIGALI, il a commencé vers le 21 avril. Le bourgmestre de NYANZA s’était opposé au génocide, ils l’ont d’abord tué. Ils l’avaient arrêté et attaché. Ils le traînaient la tête en bas. Cela a encouragé les autres et c’est ainsi qu’a commencé le génocide à NYANZA. Ils l’ont fait traîner partout sur le territoire de NYANZA en disant que le génocide pouvait commencer.  Entre temps, les gendarmes et les militaires tenaient des réunions et dressaient des barrières, distribuaient des armes qui devaient servir dans les massacres. Nous avons su que nous étions les premiers sur la liste des personnes qui devait être tuées. C’est pour cela que ma famille est partie se cacher plus loin dans la localité de NYABUBARE.

Maman nous a dit que nous devions nous séparer pour notre survie. Papa est resté sur place avec les enfants. Moi, maman est allée me cacher. Papa a proposé de l’argent à la population pour nous cacher mais ce fut peine perdue. Je ne me souviens pas de la date mais je me souviens que c’était aux alentours de 15 heures que ma mère m’a cachée dans une famille amie. C’était difficile à m’imaginer de me séparer de ma mère, d’ailleurs, j’ai voulu la suivre, mais elle m’a supplié de rester. Ce qui s’est passé par la suite est que les gendarmes agissaient avec la population, ils sont venus chez nous, ils ont détruit la maison, et ont tué nos vaches. Ils ont tout pris, nous avions beaucoup de vaches. Ils n’ont rien laissé. Le seul objet que j’ai retrouvé, c’est une calebasse pour faire du beurre.

Les gens ont commencé à mourir en nombre, y compris nos voisins. J’ai continué à me déplacer d’un endroit à l’autre pour sauver ma vie. Un samedi, alors que beaucoup de balles sifflaient autour de nous, j’ai fui de la famille avec laquelle j’étais cachée. J’ai couru dans une vallée et je me suis retrouvée nez à nez avec les militaires, près d’une barrière. La nuit passée, j’ai dû retourner dans la famille avec laquelle je me cachais. L’endroit où se trouvait mon père et certains de mes frères était sur la colline de NYABUBARE, ils étaient avec beaucoup de Tutsi qui s’étaient regroupés pour se défendre. Mais ils n’ont pas réussi à le faire. Les enfants et les femmes ramassaient des pierres et les hommes les lançaient aux Interahamwe. Quand les assaillants ont vu que les Tutsi se défendaient, ils sont allés demander des renforts aux gendarmes. Ils ont encerclé le sommet de la colline. Les gendarmes sont montés pour venir tuer. Je me rappelle les véhicules qui sont montés avec ; dans leur caisse arrière, une grosse arme.

Ils ont escaladé la colline mais sans se faire voir. Ils étaient nombreux. J’ai vu cela de mes propres yeux avant que je n’aille me cacher. Il était vers 16 heures mais j’ai une confusion sur les dates. Nous avons entendu une explosion et nous avons vu une fumée noire se dégager de là où se trouvaient mes proches. C’est ce jour-là que mon père est décédé ainsi que certains membres de ma fratrie. Mon père a ainsi été tué sur cette colline et les gens se sont dispersés.

On avait promis des récompenses à quiconque allait retrouver mon père. Les tueurs voulaient s’assurer que les Tutsi connus et leurs enfants étaient vraiment morts. Après la mort de mon père, les Interahamwe ont dit en parlant de mon père : « Son fils qui avait rejoint le FPR[6] n’avait qu’à venir le sauver ». Mais c’étaient des allégations infondées. Il faisait des études, il n’avait pas rejoint le FPR.

Quand j’ai eu un peu de force, je suis allée voir cet endroit, j’ai vu que mon père qui avait soif s’est penché dans un étang et a bu de l’eau. Mon père avait dans sa veste un médicament pour essayer de soigner les personnes qui étaient là. Il y avait ces médicaments et dans l’autre poche il avait de l’argent. C’était très difficile pour moi de voir cela de ma cachette. Je n’ai pas pu leur venir en aide. Pour ce qui concerne mon frère, il a été jeté vivant dans la rivière. Il était en deuxième année de secondaire. C’étaient des enfants très intelligents. Ils avaient la première place à l’école.

Pour les autres membres de ma fratrie, il y avait Vincent, il a été tué à NYANZA, je l’avais trouvé pas complètement mort. Il était caché dans les faux plafonds d’une maison que nous avions mise à louer. Il n’avait pas d’autre moyen de se soigner que d’utiliser les médicaments que mon père utilisait pour soigner les vaches. Il a eu des infections au niveau de ses plaies. Il a été tué. Il y avait des gendarmes qui contrôlaient la région. BIGUMA avait le dernier mot sur les barrières de NYANZA, ainsi que NYABUBARE. Mon frère m’a rejoint dans la famille qui me protégeait, il ne savait pas que j’y étais mais il est venu parce que c’était une famille amie. Avant son arrivée, étaient venus mes deux autres frères. Ils venaient de chez ma grande sœur. Elle avait fondé une famille. Elle avait trois enfants et était enceinte de 8 mois de son quatrième enfant. Elle allait accoucher dans une semaine mais elle a été tuée.

Quand mes frères ont quitté cette localité, c’est là que les Interahamwe ont commencé à tuer dans cette localité. Ma grande sœur et sa famille avaient essayé de repousser les tueurs en leur donnant de l’argent, mais ils l’ont tuée alors qu’elle était enceinte. Elle a vomi à cause des vertiges et de la faim. Un tueur lui a asséné un coup de massue au niveau de la tête, après qu’on leur a dit de ne pas la tuer devant ses enfants. Elle est tombée dans l’escalier, ils ont tué l’enfant qu’elle portait avec un coup de gourdin.

Mes frères étaient cachés derrière la maison et ont vu tout cela. Les enfants de ma sœur ont vu cela et ont pris la fuite. Pour l’un d’eux, les tueurs lui ont lancé un bâton qui l’a atteint. Il est tombé par terre, ils lui ont assené des coups sur la tête et le cerveau est sorti. L’autre enfant, ils l’ont tué en lui donnant des coups de gourdins. Ils les ont allongés par terre faisant de leur corps une barrière. Ils ont dénudé les femmes, ils voulaient voir à quoi ressemble la nudité des femmes Tutsi. Ma sœur n’était pas encore décédée. L’enfant qu’elle portait était toujours en vie, ils l’ont éventré avec un couteau. Ils disaient qu’ils voulaient faire sortir de son ventre un serpent. C’est la qualification que les Interahamwe attribuaient aux Tutsi.

Les corps sont restés là pendant plusieurs jours. Son mari était caché à l’église. Il a voulu donner de l’argent, mais cela n’a servi à rien puisqu’ils ont fini par être encerclés. Pour les faire sortir de là, la population avait brûlé dedans des feuillages de bananiers. Les réfugiés ne sont pas sortis. À l’arrivée des gendarmes, ils ont lancé une grenade. Après l’explosion, les gens se sont dispersés, mon beau-frère est descendu là où gisait ma sœur, il l’a serrée dans ses bras en disant : « Mourons ensemble. » C’était un couple très amoureux, très uni, je ne les ai jamais vu fâchés l’un contre l’autre. Chaque jour, cela m’afflige beaucoup car toute cette famille s’est éteinte.

Un camion a benne est arrivé, on a jeté leurs corps à l’intérieur pour les déverser dans une fosse. À NYANZA, si Philippe l’avait voulu, ils auraient pu sauver les gens, mais à la place il incitait les gens en disant : « Travaillez, travaillez. » Les gens le craignaient puisque c’était quelqu’un de très méchant.

Mes frères avaient quitté ce domicile-là, ils sont venus à ma cachette le lendemain à 10 heures. Je n’ai eu de cesse à me poser des questions depuis que mes frères m’ont fait part de la mise à mort de la famille de ma sœur, je me demande pourquoi ils n’ont pas eu pitié de cette maman qui était enceinte.

Quand mes frères sont arrivés au niveau des magasins, un gendarme les a vus et les a giflés, ils ont menti et ont dit qu’ils étaient Hutu. C’est ainsi qu’ils ont continué la route. Ils ont passé la nuit sur place et le lendemain vers 10 heures, ils sont arrivés là où j’étais. On avait fait passer un communiqué comme quoi ceux qui cachaient des gens devaient les faire sortir. On avait également dit que les enfants, jeunes filles et les femmes n’allaient pas être tuées, mais c’était un mensonge pour regrouper les gens au même endroit.

Le chef de ménage de la famille a pris mes frères à la barrière et a dit que c’étaient ses enfants. Ils ont été épargnés. Quand ils m’ont vue, ils ont pleuré et m’ont raconté ce qui s’était passé, j’ai gardé le silence parce que je ne pouvais rien faire. Je n’oublierai jamais le fait que mes frères m’ont donné de l’argent en me disant que si j’allais survivre je pourrais me servir de cet argent. Ils me disaient que moi je n’allais pas mourir. Mais je ne sais pas pourquoi ils avaient une telle assurance. Nous sommes restés ensemble pendant quelques jours.

Puis les Interahamwe sont venus les prendre pour les tuer. Ils venaient me chercher pour me tuer parce que j’étais sur la liste des personnes à tuer. Ils avaient une liste de toutes les personnes à tuer et quand les personnes étaient mortes ils cochaient leurs noms, sur la liste, j’étais encore vivante. Ces Interahamwe ont su que j’étais dans cette famille parce qu’ils ont arrêté une fille qui se cachait avec moi et ils l’ont violée. Le lendemain, beaucoup d’Interahamwe sont venus ils ont trouvé mes frères devant la cour de la maison, moi j’étais partie cueillir des fruits. J’étais dans un arbre touffu. Un enfant de cette famille m’a dit de rester dans l’arbre parce que des Interahamwe arrivaient. Dans mon arbre, je voyais les Interahamwe, ils étaient très nombreux et j’ai eu très peur. Ils avaient beaucoup d’armes traditionnelles, des machettes. J’ai reconnu des Interahamwe de notre voisinage et notamment un ouvrier agricole qui travaillait chez nous. Il a dit à mon frère ROGER : « Tu es avec qui ? » Il a répondu qu’il était avec Olivier et Eugénie. Il a dit qu’il était avec moi et Olivier parce qu’on lui avait fait peur et on lui avait dit que s’il répondait, ils n’allaient pas le tuer. Ils sont allés les tuer en passant par un autre chemin.

J’ai été sauvée parce qu’ils ne sont pas passés par le côté où je me trouvais. Ils sont allés les tuer chez nous. Ils ont pris la jeune fille et l’ont violée, ils ne l’ont pas tuée ce jour-là. Je ne pouvais pas rester ici, parce que les Interahamwe avaient su que j’étais là. Je suis partie dans une autre localité. J’ai pris des petits sentiers, on évitait de passer par les barrières. Je suis allée chez des cousins, la femme du cousin m’a torturée parce que j’avais dit tout ce qui s’était passé. Elle m’a demandé si nous étions des Tutsi et j’ai dit oui. Elle est allée le dire à son oncle maternel qui était un militaire, Martin, connu parce qu’il a participé activement au génocide. Quand les gens le suppliaient de les laisser en vie, il leur coupait la tête. Il est venu vers 9 heures du matin. Il m’a demandé mon ethnie. Le mari de la femme s’appelait Philippe. J’ai eu peur, il m’a frappé et je lui ai dit la vérité. Il m’a demandé qui était mon père. Je ne sais pas mentir donc j’ai fini par lui dire la vérité. Il m’a arrêtée. Il portait des grenades à sa ceinture.

Je suis partie avec lui et il m’a conduite en contrebas d’un talus. Il m’a demandé de creuser ma propre tombe. Ils avaient dit que tout assaillant qui tuait quelqu’un devait l’enterrer. C’étaient les gendarmes et les militaires qui avaient donné cet ordre. Il a essayé de me forcer de boire de la bière de banane et j’ai refusé parce que je ne buvais pas d’alcool. Quand j’ai refusé, il a dit : « Voilà c’est ce qui caractérise les Tutsi. » Il m’a dit de m’agenouiller. Je lui ai demandé le temps de me laisser prier. Il a pointé sa baïonnette sur moi. Quand il a soulevé la baïonnette, Phillipe, le mari, lui a dit de ne pas me tuer parce que j’étais Hutu. Philippe m’a sauvé, il n’était pas parmi les gens pourchassés. Il a dit que j’étais venue rendre visite en tant que jeunes mariés. Il a dit que si j’étais Tutsi, il allait me couper la gorge avec sa baïonnette. Il a dit qu’il allait me tuer comme il avait tué une jeune fille à qui il avait coupé la tête.

Dans la soirée, la famille où se trouvaient mes frères est venue dans la famille où je me trouvais et ils m’ont emmenée avec eux.

C’était difficile de passer par la route puisque ma famille était connue, pour me masquer ils ont mis des feuilles sur ma tête pour que les gens ne puissent pas me reconnaître. Nous sommes passés près d’un étang. On est passé par une barrière tenue par les gendarmes et les membres de la population. J’étais avec une personne membre d’une famille qui n’était pas pourchassée. Quand on est arrivés à cette barrière, quelques mètres avant, ils m’ont dit ce que je devais répondre : ils savaient les questions que les gens des barrières posaient. Quand ils nous ont vus, ils ont sifflé, cela voulait dire qu’il fallait qu’on s’arrête. Les gens qui étaient avec moi ont dit qu’ils étaient vigilants, c’était un code pour dire qui ils étaient. Ils m’ont qu’il fallait faire vite, parce que le responsable de cette barrière était BIGUMA, que s’il me voyait il allait me tuer tout de suite et me jeter dans l’étang. Même à ce jour, j’ai peur de cet endroit.

Quand je suis arrivée dans cette famille j’ai su que mon frère était caché. Ils m’ont donné à manger mais je n’arrivais pas à manger. Je ne pouvais pas manger parce que je voulais retrouver au moins un membre de ma famille qui avait survécu. Ils m’ont dit : « Si on te montre un membre de ta famille et qu’on te pose des questions et qu’on te frappe, tu ne vas pas dire où ils sont ? » J’ai dit que je ne dirais rien même sous la torture. Je n’ai pas pu manger de la journée, j’ai vu mon frère vers 16 heures. J’étais dans le salon et mon frère était dans une petite annexe. Il pleuvait et un vieillard était venu s’abriter dans cette famille, c’était le papa d’un Interahamwe qui a vu mon frère. Quand il a vu mon frère, il a dit : « Ah, il y en a qui se cachent, vous avez vu sa taille ! » Il était maigre, grand. Il s’est approché de moi et m’a dit de sortir. Il a su que mon frère se trouvait dans cette famille. Quand j’ai vu mon frère j’étais contente mais je ne savais pas qu’il avait des blessures. Il a enlevé son pull et m’a montré toutes ses blessures. Il était gravement blessé. Les habits étaient collés à son corps à cause de ses blessures. Il était de teint clair mais il était devenu noir. Il m’a dit que des Interahamwe l’avaient frappé, il avait jeté de l’argent par terre et pendant qu’ils se battaient pour avoir de l’argent il en avait profité pour courir. On le massait avec de l’eau chaude et on mettait du lait de vache parce qu’on n’avait pas d’autre médicament. Chaque soir, j’étais assise à côté de lui, il disait que si des Interahamwe le retrouvaient ils allaient le tuer.

Ce qui me fait mal aujourd’hui c’est le souvenir que j’ai du dernier soir quand j’étais avec lui. J’étais avec lui et il m’a dit qu’il avait très peur. Le matin suivant, les Interahamwe sont venus l’arrêter à 10 heures. Ce n’étaient pas des Interahamwe de ce quartier, ils venaient d’ailleurs. Ils ont su qu’on se cachait par ce vieux monsieur qui nous avait vus. Ils sont venus et ont frappé au portail. Ils m’ont cachée dans une calebasse qui servait de citerne et ont mis un parapluie. Ils ont mis un couvercle. Ils ont fouillé partout, toutes les pièces. Mon frère avait été caché dans une chambre où on avait mis un cadenas. Je suis sortie de cette cachette et je suis passée par une brèche dans la clôture en contrebas de la maison. Ils sont sortis chercher à l’arrière. Un garçon de la famille nous informait : il nous a dit qu’ils arrivaient à l’arrière donc je suis passée à l’avant. Est venue une troisième attaque des gens du quartier : ils ont cassé la porte où il y avait le cadenas. Il y avait un ordre de ne pas tuer les filles parce qu’on allait les « marier » aux garçons (NDR. Cette expression signifie que les jeunes filles étaient données comme esclaves sexuelles aux jeunes hommes hutu).

Ils sont entrés dans la pièce et l’ont saisi. C’est la dernière fois que je l’ai vu, il m’a fait un signe d’au revoir. On l’a envoyé dans son quartier, il a essayé de donner de l’argent, mais il est mort à  GATAGARA. C’était une grande barrière, c’est là qu’il est mort.

Les gens ont su que j’étais Tutsi donc c’est devenu dur pour moi. Un soir, il y avait un théâtre, et on m’a dit que je devais quitter cette maison. Cette famille m’a indiqué des chemins à prendre. Mais je me suis perdue parce que je ne connaissais pas les chemins. J’ai continué à marcher toute la nuit. J’ai failli tomber sur une barrière mais j’ai fait demi-tour. Je suis arrivée à l’orphelinat vers 10 heures. J’ai mis beaucoup de temps parce que je prenais des petits chemins. J’avais très froid. Devant l’orphelinat, il y avait une barrière. Elle était dirigée par BIGUMA. J’ai vu un Interahamwe, qui était collègue de mon père qui était vétérinaire et qui s’appelait Alfonse, je pensais qu’il allait m’épargner. Il avait un gourdin. Il m’a emmenée chez lui et c’est sa femme qui m’a cachée. Il allait chercher quelqu’un pour me tuer mais sa femme m’a cachée dans les toilettes. Il disait que j’étais la seule qui n’était pas encore morte de chez Laurent.

Quand son mari est revenu pour me tuer, elle a menti et a dit que j’étais partie parce que j’étais dans la même classe que sa petite sœur à l’école primaire. Trente minutes après, elle m’a conduit à l’orphelinat. Un garçon m’a aidé à entrer dans l’orphelinat. Il y avait encore une barrière mais cette barrière était la barrière de l’orphelinat qui arrêtait les gens pour qu’ils ne viennent pas trier les enfants de cette institution. Un père italien a accepté de m’accueillir. Il a dit que ma mère venait d’être tuée. Ma mère est morte au terrain de MUSHIRARUNGU, elle a agonisé pendant trois jours. Quand nous étions à l’orphelinat, les gendarmes sont venus pour essayer de séparer les enfants Tutsi et Hutu. Mais en arrivant, on changeait de nom. Je me souviens d’un dimanche où les gendarmes sont venus et ont giflé le prêtre en demandait qui était Tutsi et il a dit : « Ils sont tous mes enfants, il n’y a pas de Tutsi ou de Hutu. » Vu que le prêtre ne voulait pas donner des noms, ils ont tiré sur un enfant. Après, les Inkotanyi[7] sont arrivés à NYANZA. Ils sont venus et nous ont rassurés. Ils nous ont fait changer d’endroit. Ils avaient installé une arme pour tirer sur l’orphelinat parce qu’ils savaient que beaucoup d’enfants s’y étaient réfugiés. Ils nous ont emmenés à NYAMATA car à NYANZA il n’y avait pas de sécurité.

Nous sommes revenus à NYANZA plus tard quand c’était plus sûr, mais il y avait une mauvaise odeur et plein de cadavres. Ils nous ont sauvés. Ils nous ont donné de l’eau et des vêtements. Ils ont pris soin de nous, puis ils nous ont remis à l’école parce que nous n’avions plus de parents. Mon frère est venu me chercher à l’orphelinat et nous sommes allés voir chez nous, lui il était étudiant à MUGANZA. On a trouvé la maison brûlée. J’ai retrouvé mes frères grâce aux chiens, ils étaient dans un bananier derrière la maison. J’ai retrouvé le corps de mon père, il avait été coupé en deux. Plus tard, on a trouvé le corps de ma mère avec l’enfant qu’elle portait dans le dos. Nous les avons enterrés. Ce qui fait mal c’est que les gens qui ont fait ça ne veulent pas le dire. Ce fut difficile de faire des études et de vivre mon mariage sans famille. C’est comme cela s’était passé hier.

 


Audition de monsieur Élie MUSHYITSI, en visioconférence de KIGALI, cité à la demande du ministère public.

Dans ma cellule, j’ai vu ce qu’il s’est passé à la barrière d’AKAZU K’AMAZI. Quand nous étions sur cette barrière sont arrivés des gendarmes, César et HATEGEKIMANA, ce sont eux qui ont donné le signal pour qu’on commence les tueries dans cette localité. Ils sont descendus jusqu’à l’endroit où ils ont trouvé des gens qui avaient l’habitude de se rassembler et leur ont dit : « Venez, on va vous montrer ce que vous devez faire. » Puis ils ont dit qu’on pouvait commencer à fouiller les maisons. Ils ont détruit les maisons et quand les gens sortaient, HATEGEKIMANA tirait en l’air pour faire peur aux gens. Il a quitté cet endroit, et a croisé quelqu’un qui avait été caché et il l’a tué. Quand il est arrivé sur la barrière, il a dit aux gens qui étaient là de commencer à détruire les maisons, il a tué une vache et des vieilles dames qui étaient là. Il y avait quelqu’un qui montrait à César l’endroit où étaient cachées les vieilles dames. C’est à partir de ce moment-là qu’on a commencé à tuer tous les Tutsi proches de la barrière d’AKAZU K’AMAZI. Ils ont tué tous les Tutsi de cette localité. César a donné une tache spécifique à toute personne qui se trouvait sur la barrière. Il ordonnait à certaines personnes de rester à la barrière et à d’autres de contrôler les maisons. Il a demandé à toute la population d’aller à la barrière. Ma tâche était de fouiller les gens qui passaient par les barrières.

Maison de Boniface sur la barrière Akazu k’amazi

Sur questions du président, le témoin dit qu’il connaissait la maison de Boniface qu’il a d’ailleurs montrée aux enquêteurs. On enfermait les gens dans la maison et la nuit on les tuait.

Le témoin est assez confus dans ses propos, déclare que HATEGEKIMANA et BIGUMA sont deux personnes différentes, évoque plusieurs marques de voitures. À la barrière, il était chargé de contrôler les cartes d’identité. Les Tutsi étaient soit tués sur le champ, soit enfermés dans la maison. Il dit avoir été acquitté lors des Gacaca[8].

Les questions posées par la défense ne permettront pas d’y voir beaucoup plus clair, en particulier concernant les véhicules utilisés par BIGUMA.


Audition de madame Yvette NIYONTEZE, en visioconférence de KIGALI, souhaite se constituer partie civile à l’audience, convoquée en vertu du pouvoir discrétionnaire du président.

Je suis originaire du district de NYANZA. Dans la période qui précède le génocide, des gendarmes venaient pour perquisitionner les fusils. Personnellement, j’ignorais les tenants et les aboutissants de tout cela. Nous ne comprenions pas de quoi il s’agissait. C’est vers 1990 que les perquisitions ont commencé à notre domicile. Entre 1990 et 1994, les gens étaient arrêtés, et accusés d’être complices des Inkotanyi[7]. En ce qui me concerne, je restais toujours dans notre quartier et je n’allais pas au centre-ville de NYANZA. Je ne connaissais pas beaucoup de personnes, c’est après le début du génocide que j’ai connu des gens.

Nous avons commencé à ne plus passer la nuit à la maison. Un jour, je suis rentrée et j’ai vu mon père. Le lendemain matin j’ai vu mon père, ma mère et mon petit frère et la vieille c’est-à-dire une grand-mère, elle avait l’âge de ma mère mais elle vivait avec nous. Le matin, nous étions tous là, chacun était venu de là où il avait passé la nuit. Nous prenions le petit-déjeuner. Et on a vu se garer en face de chez nous un véhicule de gendarmes avec six gendarmes à son bord. Mon père nous a dit de passer par l’arrière-cour et que chacun retourne là où il avait passé la nuit. Chacun a regagné sa cachette.

Mon père est allé en contre-bas de notre domicile pour voir sa mère. L’après-midi, ils ont commencé à rentrer dans les maisons des gens. Ils ont commencé à fouiller les maisons des Hutu pour voir si ils ne cachaient pas des gens. Les Interahamwe[5], avec à leur tête un gendarme, nous ont trouvés, moi et quatre autres enfants qui étaient mes voisins.

Chaque attaque comptait des gendarmes ou des militaires. Ils nous ont demandé où était notre domicile. On a dit que c’était en haut. Ils nous ont demandé de leur montrer où on habitait. Ils nous ont fait monter. Nous sommes retournés là-bas chacun désignant son domicile. Ils nous ont demandé de rester sur place jusqu’au retour de nos parents. Ce fut la dernière fois que j’ai vu ces enfants. Chacun attendait le retour de ses propres parents. Vers la tombée de la nuit, un militaire a voulu téléphoner de notre domicile. Puis il y a eu une attaque. Ils étaient à deux, un militaire et un gendarme, ils sont entrés, je n’ai pas eu la force d’aller ouvrir la porte, j’étais tétanisée dans les escaliers à l’arrière-cour.

Comme personne n’a ouvert la porte, ils ont tiré. La porte a sauté. Ils sont rentrés, l’un s’est mis à téléphoner, le militaire et l’autre, le gendarme, a circulé dans la maison et il m’a vue. Il m’a demandé où étaient mes parents, j’ai dit que je ne savais pas et que je me cachais chez ma marraine, son mari était Hutu. J’ai dit que je ne savais pas si on était Tutsi.

Le gendarme s’est renseigné auprès de gens qui m’ont reconnue. Le gendarme m’a dit qu’il allait me donner une chance s’il constatait que je n’étais pas un garçon, j’avais les cheveux courts et un short. Je lui ai dit que j’étais une fille, dans le groupe plusieurs ont confirmé. Il a dit qu’il n’allait pas me tuer ce jour-là. Il a demandé où je pensais pouvoir me rendre. Je n’avais nulle part où aller puisque tout le monde avait fui.

Nous avions comme voisin le directeur de notre école primaire. La personne en question a demandé à cet homme de me prendre chez lui le temps nécessaire. Il a dit que le moment opportun il viendrait me prendre là. C’est comme ça que je me suis installée dans la maison voisine à la nôtre. Il avait dit de ne pas me tuer, qu’il allait me tuer lui-même. C’est là que j’ai commencé à identifier des gens que je ne connaissais pas avant. En face de chez nous il y avait un croisement de routes et une barrière. Tous les tueurs venaient chez le directeur en parlant des gens qu’ils avaient tués.

Les attaques étaient fréquentes et faites par les gendarmes. C’est dans ce contexte là que j’ai appris le nom de BIGUMA. Le nom de BIGUMA revenait toujours dans la bouche des gens quand ils parlaient d’endroits où ils avaient tué des gens ou d’endroits où ils avaient pillé. Je l’ai reconnu au moment où il dirigeait une attaque de grande envergure. Il y a eu une attaque sur la colline, c’est là que j’ai perdu ma grande sœur. Depuis quelques jours je souffrais de la malaria. Quelqu’un m’a dit que BIGUMA avait donné comme instruction que ce jour-là, aucun Tutsi ne devait survivre. Et ce jour-là est arrivé. Plusieurs personnes portaient des feuilles de bananiers. Ils avaient des machettes et des gourdins. Ils perquisitionnaient partout. Avant d’entrer dans la maison, les autres m’ont fait monter dans les faux plafonds. Les plafonds étaient faits de roseaux. On était allongés et on pouvait voir ce qui se passait en bas. Je les ai tous vus. Je les voyais fouiller partout. C’est ainsi que j’ai survécu mais presque tout le monde a été tué. Le soir, les gens ont commencé à parler des personnes qui avaient été tuées et ils ont dit que le gendarme en question était BIGUMA. C’est ce jour-là que j’ai quitté NYANZA. Les conséquences du génocide sont innombrables. Vous pouvez vous imaginer ce que c’est de perdre ses parents, ses frères et sœurs tués par des êtres humains. C’est quelque chose qui dépasse l’entendement et pour lesquels on ne peut jamais trouver les mots pour l’expliquer. J’ai vu beaucoup de choses mais j’ai parlé des moments les plus importants.


Audition de monsieur Emmanuel UWITIJE, cité à la demande du ministère public, attaque de la colline de NYABUBARE, frère de monsieur Obed BAYAVUGE.

Emmanuel UWITIJE était agriculteur au village de NYABUBARE au moment du massacre sur la colline. Il ne fait pas de déclaration spontanée et, en répondant aux questions du Président, il affirme qu’il avait entendu parler de BIGUMA à l’époque mais dit que les habitants n’osaient pas s’approcher des gendarmes ou des militaires.

Il raconte que le jour de l’attaque sur la colline de NYABUBARE, c’était le jour de Sabbat, beaucoup de Tutsi y avaient trouvé refuge. Emmanuel était présent avec la population et le conseiller de secteur Israël DUSINGIZIMANA qui sensibilisait la population. Le conseiller et un commerçant sont allés à la gendarmerie de NYANZA pour demander du renfort. Il a entendu notamment du conseiller que c’était BIGUMA qui était à la tête de la gendarmerie. La gendarmerie est donc arrivée dans un véhicule blanc qui transportait aussi le bourgmestre de NTYAZO, qu’ils ont ensuite tué. Le témoin a entendu dire autour de lui et par le conseiller DUSINGIZIMANA que c’était BIGUMA qui l’avait tué. Après ça, des personnes ont récupéré ses chaussures. Il a vu l’accusé donner des instructions. Après la mort du bourgmestre, ils sont descendus pour s’approcher. Il a vu que que les gendarmes avaient mis en place des « gros fusils qu’ils ont installés par terre » en contre-bas de la colline, près d’un bois. C’était des gros engins qui « projetaient les gens en l’air ». Ils ont commencé à tirer sur la colline.

Emmanuel et le reste de la population étaient armés de gourdins, de machettes et de gros bâtons. BIGUMA avait donné des ordres : les 5 ou 6 gendarmes tiraient des obus d’abord, puis les jeunes devaient encercler la colline pour empêcher les gens de s’échapper et les vieux allaient venir après. Le témoin a été jugé, il a plaidé coupable et a demandé pardon, et a été condamné à 13 ans de réclusion.

 


Audition de monsieur Obed BAYAVUGE, cité à la demande du ministère public, attaque de la colline de NYABUBARE, frère de monsieur Emmanuel UWITEJE.

Obed BAYABUGE était agriculteur à NYABUBARE en avril 1994. Il est le frère d’Emmanuel UWITIJE, le témoin précédent. Obed a été témoin de l’attaque par la gendarmerie sur la colline de NYABUBARE. Interrogé par le président, il dit avoir vu BIGUMA diriger l’attaque. Il l’a vu rejoindre la partie de la population qui était déjà sur la colline à bord d’un véhicule à double cabine de couleur blanche. Il l’a vu avec d’autres gendarmes installer en contre-bas un « gros fusil » et tirer sur la colline. Quand Monsieur le Président lui demande quel était ce gros fusil, il répond que c’était un mortier 120.

Après l’attaque, Obed a été le témoin du meurtre de Jacqueline NYIRABUREGEYA, une Tutsi épouse d’un militaire, qui habitait non loin de chez lui. Les gendarmes accompagnés de BIGUMA ont fait croire à Jacqueline qu’elle allait être hébergée et protégée, puis ils l’ont tuée.

Obed a été jugé et condamné par une Gacaca[8] à 13 ans de réclusion. Il a passé 8 ans en prison et a fini sa peine avec une peine alternative de prison en faisant des travaux d’intérêt général.

Margaux GICQUEL

Alain GAUTHIER

Jacques BIGOT pour les notes et mise en page

  1. MRND : Mouvement Républicain National pour la Démocratie et le Développement, ex-Mouvement révolutionnaire national pour le développement, parti unique de 1975 à 1991 fondé par Juvénal HABYARIMANA.[]
  2. MDR : Mouvement Démocratique Républicain, voir glossaire[][]
  3. PSD : Parti Social Démocrate, créé en juillet 1991. C’est un parti d’opposition surtout implanté dans le Sud, voir glossaire[]
  4. Hutu Power (prononcé Pawa en kinyarwanda) traduit la radicalisation ethnique d’une partie des militants des mouvemertnts politiques. A partir de 1993, la plupart des partis politiques se sont disloqués en deux tendances : une extrémiste dite « power » (ex. MDR-POWER; MRND-POWER; PL-POWER, etc), et l’autre modérée, rapidement mise à mal. Cf. glossaire.[]
  5. Interahamwe : « Ceux qui combattent ensemble » ou « qui s’entendent », mouvement de jeunesse et milice recevant une formation militaire, créé en 1992 par le MRND, le parti du président HABYARIMANA. Voir FOCUS – Les Interahamwe.[][]
  6. FPR : Front Patriotique Rwandais[]
  7. Inkotanyi : combattant du FPR (terme utilisé à partir de 1990). Cf. glossaire.[][]
  8. Gacaca : (se prononce « gatchatcha »)
    Tribunaux traditionnels au Rwanda, réactivés en 2001 et opérationnelles à partir de 2005, en raison de la saturation des institutions judiciaires pour juger des personnes suspectées de meurtre pendant le génocide. Composées de personnes élues pour leur bonne réputation, les Gacaca avaient une vocation judiciaire et réconciliatrice, favorisant le plaider coupable en contrepartie de réduction de peines. Près de 2 millions de dossiers ont été examinés par 12000 tribunaux gacaca avant leur clôture officielle le 18 juin 2012.
    Cf. glossaire.[][]

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