Procès HATEGEKIMANA/MANIER, jeudi 8 juin 2023. J19



Audition de monsieur Jean-Damascène MUNYESHYAKA, détenu, cité à la demande du ministère public.

Le témoin, qui est à la prison de HUYE, souhaite que son identité ne soit pas révélée. Il éprouverait des craintes quant à sa sécurité. Monsieur le président lui fait savoir que c’est trop tard, que maintenant tout le monde le connaît. Il tente de le rassurer. Monsieur MUNYESHYAKA finit par accepter.

Il a été condamné à 19 ans de prison pour génocide par la Gacaca[1] du secteur MUYIRA mais pour des crimes commis aussi dans les secteurs GATONDE et NYAMURE. Il devrait être libéré le 24 octobre 2024.

En 1994, il était serveur au bar IDEAL à NYANZA. Le propriétaire de l’établissement était Benoît MUJEJENDE, un Tutsi dont la maison sera détruite. Il aurait été tué à BUTARE.

Il lui est arrivé, avant le génocide, d’être momentanément emprisonné pour avoir fait écouter, dans le bar, Radio MUHABURA, la radio du FPR[2], mais il ne connaissait pas l’identité des gendarmes. Il a eu l’occasion de croiser Philippe HATEGEKIMANA, un ami de son grand frère. Ce gendarme, connu aussi sous le nom de BIGUMA, venait prendre un verre dans un bungalow en compagnie du commandant BIRIKUNZIRA.

Son grand frère, connu sous le pseudonyme de COMPAGNIE s’appelait Vincent SINDAZIGAYA, était un extrémiste et responsable du MRND[3] de GATONDE. Il travaillait avec Samuel  NSENGIYUMVA, un enseignant responsable de la jeunesse PAWA[4] du MDR[5]. Ce sont eux qui seraient venus chercher les gendarmes pour NYAMURE. De père Tutsi qui avait changé sa carte d’identité et de mère également Tutsi, il s’est rendu dans son secteur d’origine le 13 avril car il ne se sentait pas en sécurité: le bar avait été pillé.

Les premiers jours du génocide, Hutu et Tutsi étaient ensemble mais ils se sont séparés car le nouveau bourgmestre, Mathieu NDAHIMANA, a dit que seuls les Tutsi étaient recherchés. Sur question de monsieur le président, le témoin dit connaître NYAGASAZA[6]: il a appris qu’il avait été tué en voulant traverser la frontière près de l’AKANYARU.

Lors d’une réunion improvisée, ce Mathieu  aurait pris la parole: « Vous hésitez encore? Vous ne savez pas que notre ennemi est le Tutsi? » Après ces propos, Fidèle MURWANYASHYAKA et sa femme, des Tutsi de KARAMA, auraient été tués, ainsi qu’un certain MUDAHERANGWA.

La première attaque à KARAMA va être repoussée, raison pour laquelle on est allé chercher le renfort des gendarmes. COMPAGNIE aurait dit: « Je vais aller chercher mon ami BIGUMA. » C’est à KARAMA, au lieu-dit SHARI, que l’attaque s’est déroulée. Le témoin évoque plus de 2500 morts. Seuls quelques Tutsi ont survécu. Population, gendarmes et militaires ont participé aux massacres. La même choses e passera à NYAMURE.

Sur question de monsieur le président, le témoin dit qu’il regrette ce qui s’est passé et demande pardon à Dieu en souhaitant que de telles choses ne se reproduisent pas. Il dit n’avoir reconnu personne sur la planche photographique que lui ont montré les enquêteurs français. Il se justifie en disant: « On m’a montré la photo de mon fils et je ne l’ai pas reconnu. » Il ne peut donc pas reconnaître l’accusé.

Sur questions des avocats des parties civiles, le témoin n’arrive pas à donner des dates précises sur les événement de KARAMA et NYAMURE. Quant à différencier militaires et gendarmes, il peut simplement dire que les gendarmes portaient un béret rouge. Les armes? Il a entendu parler de mitrailleuses. L’avocate du CPCR veut savoir si les massacres de SHARI et KARAMA ont eu lieu en même temps et se fait préciser que c’est bien parce que les Tutsi ont résisté qu’on est allé chercher les gendarmes.  Le témoin évoque aussi l’incendie de la voiture qui a servi à transporter les tueurs. A cette occasion, le fils du bourgmestre NZARAMBA a été tué par une flèche. Le témoin précise enfin que SHARI est bien sur le secteur de KARAMA.

Emplacement de l’incendie de la voiture du commerçant MUSHUMBA à KARAMA.

Madame AÏT HAMOU, pour le ministère public, cherche à savoir si BIGUMA avait des étoiles sur les épaules et si le témoin a vu BIRIKUNZIRA. Il l’a probablement croisé. Elle fait redire au témoin que BIRIKUNZIRA a été remplacé par BIGUMA. Ce dernier avait une arme, à KARAMA, un fusil de petit calibre.

La défense intervient à son tour par une salve de questions qui tournent autour de cinq centres d’intérêt: les raisons de la peur du témoin, la mort de NYAGASAZA dont le témoin ne sait rien, sa connaissance ou non du conseiller de secteur MUSHIRARUNGU et la Radio MUHABURA, la radio du FPR. Comme l’avocat pose une question à laquelle le témoin a déjà répondu, monsieur le président, ironiquement, intervient: « Maître, auriez-vous des problèmes d’audition? » L’avocat apprécie moyennement l’humour: « Avec l’âge, oui. »

Dernière question concernant la déclaration qu’a faite le témoin devant les enquêteurs français: « Je pense que seuls les gendarmes peuvent témoigner concernant BIGUMA« , sous-entendant que ce que dit le témoin n’est pas trop fiable. En réalité, il fallait replacer cette réponse dans son contexte. Les gendarmes sont effectivement les mieux placés pour parler de BIGUMA. Et le témoin d’ajouter:  » Si les vaches posent des problèmes, ce n’est pas à elles qu’on pose des questions, c’est bien au gardien! ».

 


Audition de monsieur Télesphore NSHYMIYIMANA , détenu, cité à la demande du ministère public.

Télesphore NSHIMIYIMANA, au début de son audition, annonce qu’il ne veut pas donner son nom pour des questions de sécurité. Le président cherche à comprendre pourquoi et lui demande s’il a des craintes. Il dit n’avoir reçu aucune menace mais avoir peur d’éventuelles représailles. Il finit par accepter de dire son nom et reconfirme vouloir donner son témoignage.

Le témoin dit connaître l’accusé parce que BIGUMA l’a « fait travailler pendant la guerre ». Il dit que quand il l’a connu, c’était « un homme qui avait un teint mi-foncé, mi-clair, dont la chevelure commençait loin derrière le crâne et qui avait de gros yeux ». Il le connaissait en tant que commandant second de la gendarmerie de NYANZA et adjoint du capitaine BIRIKUNZIRA. Il le voyait en ville à NYANZA, circulant dans son véhicule en sa qualité d’adjudant-chef.

Télesphore dit qu’il était militaire depuis le 1er janvier 1992. En 1994, il était dans le peloton de GITARAMA. En avril 1994, il a vu l’adjudant-chef BIUGMA lorsqu’ils se sont mutuellement aidés pendant plusieurs attaques sur des collines, notamment celle de NYAMURE et KARAMA.

Le sergent, Emmanuel NDINDABAHIZI était le supérieur hiérarchique du témoin. Un jour, le frère du sergent était venu lui apprendre que son père avait été blessé lors d’une attaque contre des Tutsi. Le sergent est alors allé demander de l’aide à BIGUMA qui lui a donné des gendarmes. Le 14 avril, avec les gendarmes de NYANZA, les militaires du peloton de Télesphore sont allés attaquer les Tutsi réfugiés sur collines de GISAKIRA, notamment la colline de GISEKE.

Le témoin dit qu’ensuite, autour du 24 avril, BIGUMA lui a demandé des renforts pour aller attaquer NYAMURE. Il dit qu’à NYAMURE, ils étaient environ 35 militaires, qu’il y avait des gendarmes, une trentaine d’Interahamwe[7] et des civils. Le lendemain ou le surlendemain, ils ont attaqué une autre colline qu’il dit être une deuxième colline de NYAMURE plus petite et juste à côté de la grande, afin de pourchasser les Tutsi qui avaient réussi à s’enfuir.

Le 28 avril, son peloton a de nouveau été mobilisé pour l’attaque de la colline de KARAMA. Il dit que BIGUMA les a emmenés avec ses gendarmes. Il raconte qu’un de leur véhicule a été incendié par les Tutsi et qu’un officier de police judiciaire, Joseph, a été tué. Le jour de cette attaque, Télesphore aurait été blessé à la cuisse par une flèche d’un Tutsi. Son peloton et les gendarmes y sont donc retournés le 30 mais cette fois ci, le témoin n’y était pas allé à cause de sa blessure.

Le témoin dit que pendant ces différentes attaques, il voyait l’accusé, c’était lui qui dirigeait les gendarmes. A NYAMURE, ils avaient marché ensemble avec BIGUMA au centre de négoce et étaient tombés sur un groupe de femmes Tutsi dont une qui était en train d’accoucher. Il a tiré sur cette femme avec son pistolet et le groupe s’est dispersé. Ils sont ensuite montés pour encercler la colline. En arrivant ils ont vu Mathieu et des Interahamwe. Ils ont tué les Tutsi réfugiés sur la colline et sont repartis.

On peut noter que le témoin parle de « guerre de 1994 » en parlant des massacres et désigne l’accusé comme étant « l’honorable BIGUMA ». Télesphore a été condamné en 2008 par la Gacaca[1] de KINAZI. Il lui reste 1 an à purger. Il avait initialement été condamné à perpétuité mais en appel, sa peine a été ramenée à 30 ans de réclusion. Il raconte qu’en 2020, après avoir été auditionné par les gendarmes français, un proche de BIGUMA, Bernard MUHAHIMANA, détenu avec lui, l’a persécuté pendant un temps parce qu’il accusait ses proches, avant d’être relâché.

La défense interroge le témoin sur quelques contradictions entre ses auditions sur le nombre de véhicules et la couleur des véhicules et la position exacte de BIGUMA pendant les attaques.

 


Audition de monsieur Valens BAYINGANA, partie civile déjà constituée, assisté par maître Julia CANCELIER.

Valens et Appolonia à NYAMURE, haut lieu de la résistance des Tutsi. Valens est un des rares rescapés de NYAMURE.

Le témoin, qui a perdu la quasi totalité de sa famille sur la colline de NYAMURE, habitait non loin de là, un peu avec l’école et l’église situées au pied de la colline. Les Tutsi, comme dans de nombreux autres endroits du Rwanda, ont commencé par résister aux attaquants en lançant des pierres. Comme les assaillants ont alors décidé de faire appel aux gendarmes. BIGUMA était bien présent sur les lieux du massacre, c’est lui qui a tiré le premier.

Monsieur le président va alors poser des questions au témoin qui, en 1994, habitait chez ses parents dans la cellule de GATARE, tout près du sommet de la colline de NYAMURE. Si les Tutsi se sont réfugier sur la colline, c’est parce que l’entente en Hutu et Tutsi s’était détériorée à cause de la politique. Ce n’est qu’en grandissant qu’il a réalisé que les Tutsi n’occupaient pas de postes importants dans le pays. Il existait ce qu’on a appelé la politique des quotas: les Tutsi ne représentant que 12% de la population, seuls 12% d’enfants, par exemple, pouvaient accéder à l’école secondaire.

Les premières attaques sont venues de NYAMIYAGA et de KAYANZA. Les attaquants utilisaient des armes traditionnelles, des outils agricoles. Sur la colline où s’étaient rassemblés beaucoup de Tutsi venus d’un peu partout, les conditions de vie étaient difficiles: pas de nourriture, pas d’eau. Il fallait profiter de la nuit, en prenant des risques, pour aller se ravitailler. Les réfugiés avaient un peu de lait pour les enfants en trayant les vaches. Impossible de retourner chez soi, les maisons avaient été pillées et détruites.

Le témoin dit être resté sur la colline quelques jours. C’est le 29 avril qu’il a pu fendre le « mur » des assaillants.

Le témoin continue son récit. Il a vu un véhicule arriver en provenance de KAVUMU transportant des gendarmes. Ces derniers se sont arrêtés près de l’église et ont continué à pied vers le sommet de la colline, en montant en deux groupes séparés à travers la forêt. Arrivés en haut de la colline, ils se sont mélangés à la population. Un véritable « mur humain » faisait face aux réfugiés. Un gendarme, le témoin reconnaîtra BIGUMA, a tiré sur un groupe de femmes qui assistaient une des leurs qui accouchait.

Valens BAYINGANA s’est alors lancé sur les assaillants en essayant d’éviter les tirs. Après franchi une première « barrière », il est tombé sur des tueurs qui découpaient à la machette un homme et une jeune fille. Pour pouvoir franchir l’obstacle, il les a menacés de sa machette. Il pensait mourir mais, par miracle, il a réussi à passer.

Arrivé chez un gardien de vaches qu’il connaissait, ce dernier a refusé de la cacher. Le témoin s’est alors réfugié dans une bananeraie et s’est caché dans un trou prévu pour le murissement des bananes lors de la fabrication de la bière. Il a recouvert le trou de feuilles et a continué à se cacher jusqu’à l’arrivée des soldats du FPR[2]. Revenu sur la colline à la fin du génocide, il a découvert les corps des siens et les a inhumés. Il est le seul survivant de sa fratrie. Et d’énumérer toutes les victimes de sa famille proche et élargie.

Cercueils à Nyamure/Karama. Avant l’enterrement. Mémorial de Muyira.

Sur la planche photographique qui lui sera présentée, il reconnaître BIGUMA, bien que ce dernier ait vieilli. I l’avait d’ailleurs reconnu lors d’une confrontation avec l’accusé. Présenté de nouveau à BIGUMA qui se tient dans le box, il dit que c’est bien lui. Quant à BIGUMA, bien sûr, il ne connaît pas le témoin.

Corps des victimes de Karama/Nyamure.

Le témoin évoque la mort d’environ 11 000 Tutsi sur la colline de NYAMURE. C’est en comptant les crânes lors de l’inhumation qu’ils en sont arrivés à cette estimation. Un certain de corps avaient été dévorés par les chiens. Des viols? Il n’en pas pas été témoin. Peut-être y en a-t-il eu après son départ. Il ne peut l’affirmer.

Est ensuite abordée la question des véhicules, des armes. Un hélicoptère a bien survolé la zone. Du haut de la colline, on avait une très grande visibilité, sauf du côté de la forêt. Interrogé de nouveau sur sa fuite, Valens dit avoir été caché dans le faux plafond d’une maison par un ami hutu pendant une semaine. Après, il a vécu dans la brousse et les buissons.

Une série de questions sur le banc des parties civiles, du ministère public et de la défense permettra d’obtenir quelques précisions. Il arrive cependant assez souvent que les réponses aient déjà été données par le témoin. Valens précise que toutes les femmes qui entouraient l’accouchée ont été tuées et que les assaillants avaient entouré leur tête ou leur taille de feuilles de bananiers.

 


Audition de monsieur Silas MUNYAMPUNDU, cité à la demande du ministère public.

Silas MUNYAMPUNDU est originaire de NYANZA. Avant avril 1994, il était juge au tribunal de canton de MUYIRA. Au début du génocide, le 21 avril, il a fui au BURUNDI. A son retour en juillet 1994, il a été nommé bourgmestre de NTYAZO. Dans le cadre de ses fonctions de bourgmestre, les autorités ont confié à Silas la tache de rassembler des informations sur ce qu’il s’était passé. Il a rassemblé les rescapés, rassemblé les tueurs et tenté d’obtenir des informations sur qui avait été tué, par qui, et où étaient les corps.

Concernant le bourgmestre NYAGASAZA Narcisse, les autorités ont demandé à Silas de savoir là et où NYAGASAZA avait été arrêté et tué. Il a donc mené son enquête en interrogeant les gens à l’AKANYARU, à MUSHIRARUNGU, à NYANZA. C’est comme ça qu’il a su que NYAGASAZA avait été arrêté et brutalisé à l’AKANYARU par un gendarme du nom de BIGUMA. A NYAMURE, il a vu les corps découpés, et a appris par la population qu’encore une fois, c’était BIGUMA qui était à l’origine de cette scène.

Quelques temps après, plusieurs assaillants et tueurs ont commencé à rentrer au Rwanda alors qu’ils avaient fui. En rentrant, ils avouaient leurs crimes, soit par culpabilité, soit par peur de subir les conséquences de leurs actes. C’est ainsi que Silas a pu parler à l’ancien bourgmestre Mathieu NDAHIMANA qui lui a raconté tout ce qui s »était passé à NTYAZO en mentionnant encore BIGUMA et son implication.

Quand les juridictions Gacaca ont commencé, Silas a pu en savoir plus grâce à l’étape de collecte d’informations et a alors appris que le bourgmestre avait été tué par BIGUMA à MUSHIIRARUNGU, il en a eu la confirmation par Israël, l’ancien conseiller de MUSHIIRARUNGU, qui a également confirmé les instructions de l’accusé concernant les barrières.

Le président demande au témoin s’il reconnaît l’accusé, il dit bien le reconnaître. Le président lui demande ensuite comment il connaît l’accusé, ce à quoi il répond qu’il aimerait demander à l’accusé s’il le reconnaît. Philippe HATEGEKIMANA dit qu’il ne le reconnait pas. Le témoin dit alors qu’il le connaît car ils étaient tous les deux au collège des humanités modernes à NYANZA en 1972/1973, et ils ont joué ensemble au football pendant plusieurs années. Ensuite il l’a connu en tant que gendarme à NYANZA. Sur question du président, l’accusé dit avoir en effet été à ce collège et précise : « J’ai dit que je ne me souviens pas de lui, je n’ai pas dit que je ne le connais pas ».

Le témoin précise qu’il a appris par des rescapés qu’un hélicoptère avait survolé la colline de NYAMURE avant de se diriger vers l’ISAR SONGA.

La défense, à travers ses questions, insiste sur le fait que le témoin n’a rien vu de lui-même et lui demande de qui il a entendu les informations qu’il énumère. Le témoin essaie de faire comprendre à Maître GUEDJ qu’il l’a entendu de la population en général. La défense insiste. Il répète alors les noms qu’il a mentionnés avant : Mathieu, Israël et un certain AZARYA.

Maître GUEDJ demande au témoin quelle était la date de l’arrestation du bourgmestre. Le témoin répond qu’il faut demander à Philippe, que c’est lui qui doit savoir. Maître GUEDJ s’emporte en disant au témoin qu’il n’a pas le droit de dire ça et que l’accusé est encore présumé innocent. Le président demande à Maître GUEDJ de changer de ton. Maître GUEDJ poursuit en demandant au témoin de répéter les personnes qui lui ont donné des informations sur BIGUMA. Le président fait remarquer à Maître GUEDJ qu’il a des problèmes d’audition pour la deuxième fois de la journée. Et Maître GUEDJ s’emporte de nouveau en disant que la réflexion du président est déplacée et il lui demande de le traiter avec respect. Les questions reprennent dans la tension et obligent le témoin à répéter ce qu’il a déjà dit.

 

Margaux GICQUEL

Alain GAUTHIER

Jacques BIGOT, pour les notes et la mise en page

  1. Gacaca : (se prononce « gatchatcha »)
    Tribunaux traditionnels au Rwanda, réactivés en 2001 et opérationnelles à partir de 2005, en raison de la saturation des institutions judiciaires pour juger des personnes suspectées de meurtre pendant le génocide. Composées de personnes élues pour leur bonne réputation, les Gacaca avaient une vocation judiciaire et réconciliatrice, favorisant le plaider coupable en contrepartie de réduction de peines. Près de 2 millions de dossiers ont été examinés par 12000 tribunaux gacaca avant leur clôture officielle le 18 juin 2012.
    Cf. glossaire.[][]
  2. FPR : Front Patriotique Rwandais[][]
  3. MRND : Mouvement Républicain National pour la Démocratie et le Développement, ex-Mouvement révolutionnaire national pour le développement, parti unique de 1975 à 1991 fondé par Juvénal HABYARIMANA.[]
  4. Hutu Power (prononcé Pawa en kinyarwanda) traduit la radicalisation ethnique d’une partie des militants des mouvemertnts politiques. A partir de 1993, la plupart des partis politiques se sont disloqués en deux tendances : une extrémiste dite « power » (ex. MDR-POWER; MRND-POWER; PL-POWER, etc), et l’autre modérée, rapidement mise à mal. Cf. glossaire.[]
  5. MDR : Mouvement Démocratique Républicain, voir glossaire[]
  6. Narcisse NYAGASAZA : bourgmestre de NTYAZO, arrêté et emmené par BIGUMA. Voir les comptes-rendus du 31 mai – J13 et jours suivants. []
  7. Interahamwe : « Ceux qui combattent ensemble » ou « qui s’entendent », mouvement de jeunesse et milice recevant une formation militaire, créé en 1992 par le MRND, le parti du président HABYARIMANA. Voir FOCUS – Les Interahamwe.[]

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