Procès en appel HATEGEKIMANA : jeudi 14 novembre 2024. J8


 

Audition de madame Angélique TESIRE collègue de l’accusé à la gendarmerie de NYANZA, citée par l’accusation, en visioconférence du Rwanda.

Le témoin a été entendue plusieurs fois au cours de l’instruction, dont deux devant le TPIR[1]. Elle aussi été confrontée à l’accusé.

Avant de commencer, elle tient à rappeler un événement dont elle dit n’avoir jamais parlé. Ce qui n’est pas exact, puisqu’on en parle dans le dossier. Elle accuse monsieur MANIER de l’avoir conduite à l’hôpital de BUTARE pour vérifier qu’elle n’avait pas subi un avortement volontaire. L’accusé se défendra en disant qu’il ne faisait qu’obéir au commandant BIRIKUNZIRA. Le test s’est révélé négatif. Elle lui en veut pour l’avoir exposée de cette façon.

Monsieur le président demande au témoin de nous parler de la hiérarchie au sein de la gendarmerie de NYANZA. Philippe, comme elle l’appelle, était sous-officier d’unité en charge d’orgniser les missions des gendarmes. C’est lui qui distribuait les taches de chaque gendarme. Au sein de la gendarmerie, à cette époque, il y avait bien des difficultés entre Hutu du Nord et Hutu du Sud, mais « c’est difficile à expliquer« . Ils avaient plus facilement des promotions., dit-elle. En fait, les Hutu du Nord étaient favorisés par le commandant. Et d’ajouter, rapportant leurs propos: « Si le FPR[2] nous livre bataille, nous allons tuer tous les Tutsi. »

Avant même la chute de l’avion, des meetings incitaient la population à détester les Tutsi. De NYANZA, j’ai appris que des autorités avaient été tuées à KIGALI. À NYANZA, les massacres commenceront avec le discours du président SINDIKUBWABO, le 19 avril, à BUTARE et dans la région(Théodore SINDIKUBWABO : Président du GIR (Gouvernement Intérimaire Rwandais) pendant le génocide (voir Focus – L’État au service du génocide).
Le 19 avril à Butare, il prononce un discours qui sera déterminant pour les massacres qui vont suivre (résumé et transcription sur le site francegenocidetutsi.org).)). Au début, le commandant BIRIKUNZIRA n’était pas très enclin aux massacres. Il changera plus tard. C’est son second, NTAWILINGIRA Jean de Dieu, et le sous-préfet Gaëtan qui ont pris le pouvoir. C’est alors que des sous-officiers de l’ESO (Ecole de sous-officiers) de BUTARE sont arrivés à bord de plusieurs camionnettes: Philippe et le second leur ont donné des ordres.

Monsieur le président reprend la main: il craint que les jurés ne comprennent pas.

Le fonctionnement de la gendarmerie va alors être bouleversé. Les gendarmes extrémistes n’obéissaient plus à personne. NTAWILINGIRA était devenu le chef et agissait d’un commun accord avec Philippe. Comme le témoin l’avait dit devant le TPIR, dès la mort du président HABYARIMANA, les extrémistes hutu sont entrés dans une grande colère. Ils avaient peur que les Inyenzi[3] prennent le pouvoir.  Ils ont alors pris les armes et sont sortis en ville en tirant en l’air. HAHUTU, NTIBAKUNZE et MANIRAGUHA, trois gendarmes extrémistes, se sont rendus auprès du sous-préfet et du directeur de la laiterie.

Autour du 8 avril, BIRIKUNZIRA a fait ériger des barrières pour assurer la sécurité et cela,  sous la supervision de BIGUMA. Vers le 12 avril, par le secrétaire comptable de la gendarmerie, la témoin évoque une lettre qui aurait été écrite par le sous-préfet pour inciter la population aux massacres.

Comme beaucoup de gens, la témoin a entendu à la radio le discours du président intérimaire. Elle alors compris que les massacres allaient commencer. Les gendarmes extrémistes se lamentaient tout le temps: ils ont alors commencé à tuer. Ils se sont ralliés aux militaires de l’ESO qui arrivent le 21 avril.

Monsieur le président demande au témoin ce qu’elle éprouve quand on l’interroge: « Je remercie mon pays et ses partenaires qui m’ont permis de témoigner ».

Concernant NYAGASAZA, le bourgmestre de NTYAZO, elle dit avoir vu la voiture qui le ramenait ainsi que BIGUMA. Lors de son audition devant les enquêteurs français, elle avait dit qu’elle ne savait rien sur son exécution. En fait, c’est un de ses collègues, MVUKINYAMAJAMBERE qui lui parlera de l’assassinat du bourgmestre. Ce revirement mettre en colère maître GUEDJ, l’avocat de la défense, lorsque viendra son tour de poser des questions au témoin.

Pour l’ISAR Songa[4], madame TESIRE rapporte  avoir entendu BIGUMA dire qu’il allait s’occuper des gens de l’ISAR. Elle l’aurait vu prendre un mortier dans le stock d’armes et le charger dans la voiture: « Je vais m’occuper de ces voyous de l’ISAR » aurait-il déclaré. Là encore, une contradiction apparaît. Le témoin avait parlé de mitraillettes et non de mortier!

HATEGEKIMANA était préoccupé par ce qui se passait à l’extérieur. Il mettait beaucoup de zèle à organiser son travail. Il lui tardait que ce qui se passait à KIGALI arrive à NYANZA! Il était en total accord avec les gendarmes extrémistes et il n’hésitait pas à le dire. Elle dit aussi que des miliciens venaient en nombre à la gendarmerie avec le sous-préfet Gaëtan KAYITANA. Quant à BIGUMA, s’il sortait relativement peu avant le génocide, il n’en a pas été de même pendant les massacres.

Madame TESIRE va parler ensuite de sa mutation à KIGALI vers le 14 ou le 15 mai 1994. BIGUMA était encore là. Il sera muté après elle. Elle a un repère précis pour l’affirmer. Alors qu’elle était déjà à KIGALI, BIGUMA a accepté de transporter sa sœur et sa nièce blessée jusqu’à GITARAMA.

Contrairement à ce qu’à prétendu MANIER lors de leur confrontation, ce n’est pas à cause de l’épisode de l’avortement clandestin qu’elle en veut à l’accusé. Elle ne le fait pas par vengeance. Lors du génocide, elle a perdu beaucoup de membres de sa famille.

Sur questions de maître PHILIPPART, le témoin confirme que les gendarmes se vantaient des actes qu’ils avaient commis dans la journée en rentrant le soir. Elle ne se souvient pas du nom du chauffeur de la voiture de la gendarmerie. L’avocate lui demande s’il ne s’agirait pas d’un certain NIYONZIMA: elle confirme. Son épouse se nommait Odoratta MUKARUSHEMA.

L’avocat général interroge le témoin sur l’établissement de listes de personnes à éliminer à partir des listes du fichier central. Il permet aussi à madame TESIRE de parler du stock d’armes de la gendarmerie et de rappeler que BIGUMA assurait lu aussi l’ordre lors des meetings politiques avant le génocide.

L’avocate générale demande au témoin si elle est sûre de la date de sa mutation. Elle est sûre à cause de l’épisode de sa sœur. En confrontation, elle a d’alleurs remercié BIGUMA pour ce geste d’humanité, même si ce dernier évoquait une date fin avril. En tout cas, BIGUMA n’a jamais rien fait pour empêcher les massacres. Si elle témoigne aujourd’hui, c’est tout-à-fait librement, sans avoir été préparée par qui que ce soit.

Maître DUQUE intervient pour la défense. Par les questions qu’elle pose, elle veut à tout prix prouver que son client ne faisait qu’obéir à son chef. Elle veut absolument dédouaner BIGUMA des faits qui lui sont reprochés. Elle conteste aussi la version que donne le témoin concernant NYAGASAZA.  Elle fait ressortir les contradictions qui émanent des propos du témoin.

Maître GUEDJ, comme à son habitude, va se montrer plus incisif. Il finira par s’adresser au témoin, manifestement en colère: « Vous rapportez des propos attribués à BIGUMA, mais on ne sait pas ce qu’il a dit et on ne sait pas ce que vous dites. »

Monsieur le président invite ensuite l’accusé à réagir suite aux propos de deux témoins.

« Je n’ai pas grand-chose à dire. Je n’ai pas envie de commenter. Je n’étais pas un extrémiste. Le commandant l’a dit hier. Je conteste tout ce qu’elles disent. »

Le président: « Personne ne dit que vous étiez menacé? »

L’accusé: « J’étais menacé par les gendarmes extrémistes du Nord. Le discours de BUTARE est bien à l’origine des massacres. Les officiers de l’ESO, je ne les ai pas vus arriver à NYANZA. Je l’ai appris quand j’étais à KIGALI. Je n’étais pas à NYANZA ».

Monsieur le président fait remarquer à monsieur MANIER qu’aucun des témoins ne reconnait la date de son départ de NYANZA. « Vous maintenez la date du 19 avril 1994? »

En bon gendarme, comme il a l’habitude de répondre: « Affirmatif. » « Dire que je suis sorti du camp avec un mortier, c’est un mensonge. »

Le président: « Pourquoi ces trois témoins mentent-ils? »

L’accusé: « Ces témoins sont à charge. Ils se sont portés volontaires pour témoigner, pour me charger! Je suis sorti du camp pour organiser les relèves. Je distribuais la nourriture aux gendarmes. Quant à l’ISAR SONGA, je n’étais pas là. »

Le président: « Vous contestez tout? »  Réponse: « Affirmatif. »

Concernant sa fuite au Zaïre, l’accusé précise que, après être passé par la ville de BUKAVU, on se rendait dans les camps de réfugiés. Il y avait celui de MPANZI, où était Pélagie UWIZEYIMANA, et celui de KASHUSHA, non loin de là, où lui-même se trouvait. « Je n’ai pas accusé Angélique d’avoir avorté: j’ai obéi au commandant d’unité qui m’a demandé de l’accompagner avec une brancardière. Pour les armes, stockées dans le camp, c’était des armes individuelles et un mortier. Il fallait être militaire pour en avoir une. Si des civils en avaient, c’est qu’une autorité lui en avait remis une. Par exemple, le colonel SIMBA » (NDR. Le colonel Aloys SIMBA était le responsable de l’auto-défense civile en résidence à GIKONGORO. Il est aujourd-hui décédé. Il avait été condamné à 25 ans de prison par le TPIR en 2005.)

Maître PHIPPART revient à la charge: « Vous avez sauvé la sœur d’Angélique TESIRE fin avril et vous continuez à affirmer que vous êtes parti de NYANZA le 19. Reconnaissez qu’il y a des contradictions! »

L’accusé n’en démord pas, il tente une nouvelle fois de s’expliquer mais finit par demander son droit au silence.

Monsieur l’avocat général, qui se fait préciser une nouvelle fois les types d’armes de la gendarmerie, fait remarquer à l’accusé que les témoins basent les dates quelles avancent sur des faits précis, ce qui n’est pas son cas. « Vous ne rattachez vos déclarations sur aucun événement! »

On s’en tiendra là. Monsieur MANIER, en affirmant une nouvelle fois qu’il a quitté NYANZA le 19 avril 1994, va se trouver confronté aux nombreux témoins qui l’ont vu pendant le génocide à NYABUBARE, à NYAMURE, à KARAMA, à l’ISAR SONGA. Il aura du mal à se dépêtrer de ses mensonges.

 

Audition de madame Pélagie UWIZEYIMANA, citée par l’accusation, en visioconférence du Rwanda.

La témoin décline son identité et prête serment. Elle commence ensuite sa déposition:

Elle a travaillé avec M. MANIER dans le groupement de NYANZA et jusqu’au début du génocide. Quand le génocide a commencé elle se trouvait avec lui à NYANZA avant qu’il soit muté au mois de mai à KIGALI. Pour sa part, la témoin part au mois de juin. Elle pense que M. MANIER était assez actif dans le génocide. Elle se rappelle  trois chefs principaux: le commandant BIRIKUNZIRA, le sous-lieutenant NTAWILINGIRA et le sous-officier d’unité, M. MANIER. Ce dernier était en charge du personnel et de leur affectation. Au temps du génocide, c’est lui qui affectait les gendarmes qui allaient tuer à l’extérieur. Il s’occupait aussi de la partie logistique, du matériel et des fusils utilisés. Il faisait aussi de la ségrégation raciale entre les Tutsi et les Hutu et avait un langage assez méchant en les qualifiant de « chiens de Tutsi ». Elle ne l’a pas vu personnellement en train de tuer mais les équipes qui étaient parties avec lui revenaient en se vantant d’avoir tué et pillé.

M. le président lui demande de confirmer qu’elle était infirmière pour la gendarmerie, ce qu’elle fait. Elle confirme aussi qu’elle est partie à GIKONGORO plus tard lorsque la caserne a été évacuée. Elle se présente comme Hutu, d’un père hutu et d’une mère tutsi. Elle ne sortait pas de la gendarmerie à ce moment. Elle connaissait Didace qui était son collègue à l’infirmerie. Elle constate des problèmes entre les Hutu du Sud et les Hutu du Nord notamment au moment du génocide. Par exemple, sa collègue Angelique TESIRE a été persécutée par M. MANIER en tant que Tutsi. Quelqu’un a failli être tué, fusillé par un de ses collègues de la gendarmerie: monsieur MAFENE. « J’estime qu’il n’aimait pas les Tutsi ». Elle déclare qu’il était proche du lieutenant NTAWILINGIRA surtout au moment du génocide car elle les voyait notamment vers la barrière ou certaines personnes étaient tuées. Ce dernier ramassait des gens sur la barrière et lorsqu’ils étaient suffisamment nombreux il les amenaient pour les tuer plus loin.

Elle le sait car ses collègues qui travaillaient à la brigade leur donnaient ces nouvelles notamment par Fidèle NDAMYUGABE. M. le président demande si l’accusé était menacé dans le camp par des gendarmes extrémistes mais elle répond qu’elle ne sait pas. Au sujet du discours du 19 avril, des militaires et miliciens sont venus dans des camions tous mélangés. Elle a assisté à la sortie du camp de M. MANIER dans la Toyota blanche avec le bourgmestre NYAGASAZA. La témoin ne se rappelle pas  la présence de civils mais est sûre de la présence du bourgmestre. Elle précise que c’est ce jour-là qu’il y a eu des massacres à NTYAZO et que deux gendarmes avaient été blessés et emmenés à l’infirmerie. Elle affirme n’avoir rien vu quant à l’attaque de la colline de NYABUBARE, ni de NYAMURE. Sur l’ISAR SONGA [5] elle se rappelle que des militaires, notamment MANIER, sont partis avec des armes de gros calibre avec un mortier. Elle pense qu’il est parti DE NYANZA vers le 15 mai en se basant sur le fait qu’elle l’ai vu en avril, mais qu’il était déjà parti en juin car les familles de militaires ont commencé à être ramenés dans le camp à ce moment-la.

M. le président observe que ces questions ne lui avaient pas été posées dans ses premières auditions et demande pourquoi elle n’avait rien mentionné elle-même. Elle répond qu’il arrive d’avoir des trous de mémoire avec le temps qui passe. Enfin elle déclare que personne n’a exercé de pression sur elle pour qu’elle témoigne.

La défense interroge la témoin.

Me GUEDJ demande confirmation des propos discriminatoires tenus par M. MANIER et souligne que ces propos n’étaient pas les mêmes en 2016. La témoin explique que ses idées n’étaient pas encore en ordre lors des premières interrogations. Me GUEDJ observe un manque de cohérence avec des propos encore tenus en 2019 quant aux propos discriminatoires de M. MANIER. S’agissant de la mort du bourgmestre NYAGASAZA, Me GUEDJ déclare que ses propos sont contradictoires avec une précédente audition dans laquelle elle déclarait qu’elle n’avait jamais entendu parler du bourgmestre NYAGASAZA. La témoin répond encore une fois que ses idées n’étaient pas ordonnées à ce moment-là. Elle déclare que personne ne l’a aidée à ordonner ses idées mais qu’elle s’est posée pour réfléchir à ce qu’elle avait vu.

C’est aux parties civiles de poser des questions au témoin.

Me MARIE interroge la témoin sur la direction de sa fuite en RDC. La témoin répond qu’elle se trouvait dans un camp de réfugiés avec des militaires avec leur famille. La témoin explique qu’elle n’a pas eu besoin de changer de nom à son enregistrement auprès du HCR dans le camp de réfugiés. Elle souligne que l’accusé avait notamment expliqué qu’il aurait eu des problèmes s’il se présentait comme un gendarme auprès du HCR, ce qui n’était pas le cas selon cette témoin qui a pu retourner au Rwanda sans aucun problème par la suite.

Me TAPI prend la parole quant aux souvenirs de la victime sur le génocide. La témoin explique qu’il lui arrive de se souvenir de tout, mais que parfois certains flous nécessitent réflexion pour les préciser.

L’avocate générale prend maintenant la parole. La témoin confirme que le surnom BIGUMA était attribué seulement à M. MANIER.

Me GUEDJ interroge à nouveau la témoin sur sa fuite en RDC. Elle exprime le flou autour de la date mais exprime qu’il s’agit sûrement de début juillet. Elle déclare aussi avoir vu M. MANIER à BUKAVU mais qu’il ne s’est pas arrêté et à continué sa fuite. Il ressemblait à un homme plutôt petit, de forte corpulence et souriant. Me GUEDJ observe que M. MANIER n’est pas allé au camp de BUKAVU mais de KASHUSHA. L’accusé explique qu’il est effectivement passé par BUKAVU pour aller au camp de KASHUSHA après la demande de Me GUEDJ. Quant à la contradiction de la témoin sur la mort du bourgmestre NYAGASAZA, la témoin réitère la véracité des propos d’aujourd’hui.

 

Audition de monsieur Fidèle MVUYUKURE, témoin cité par la défense, en visioconférence du Rwanda.

Le témoin décline son identité.
Il déclare qu’il connaissait M. MANIER à la gendarmerie de NYANZA sous son surnom BIGUMA. À ce moment-là il était chauffeur motard. Cependant il ne connaissait rien de ses fonctions ou de son grade en tant que gendarme. Entre avril et juillet 1994, pendant le génocide, il affirme qu’il ne l’a jamais rencontré à NYANZA. Le témoin a été condamné par les Gacaca[6] à 16 ans de prison pour avoir participé au fonctionnement d’une barrière à RWESERO. Il déclare l’avoir aperçu à bord d’un véhicule une fois à la barrière mais qu’il ne s’est pas arrêté et a continué sa route vers MUSHIRARUNGU. Quelques gendarmes se trouvaient à l’arrière de son véhicule mais ils ne se sont pas parlés et a tenu ses distances en raison du grade de l’accusé. Cette barrière avait été érigée à la demande du chef de la cellule RUDAHUNGA. Il avait entendu dire que le bourgmestre avait été tué mais n’a rien vu de ses propres yeux. Le témoin déclare qu’il était sur la barrière au mois de juin, avant sa propre fuite en juillet. Devant la Gacaca, le témoin affirme qu’il a plaidé coupable et qu’il vit désormais sans problème particulier à NYANZA. M. Le président le questionne sur la journée du 23 avril 1994 mais le témoin ne se souvient pas de cette date.

Me LOTTE, pour la défense, prend la parole pour questionner le témoin au sujet de ses liens avec plusieurs personnes.  Il avait été informé de la mort du bourgmestre  par Israël DUSINGIZIMANA. Edouard KABERA, son voisin, aurait été un menteur qui l’accusait. Le témoin connaît Matthieu NDAHIMANA qu’il aurait rencontré à la prison de NYANZA (NDR. Aujourd’hui MPANGA, prison financée par la coopération néerlandaise, construite aux normes internationales. Elle accueille des condamnés d’autres pays comme la SIERA LEONE ou le LIBERIA) . La défense n’a pas d’autres questions.

Les parties civiles et l’avocat général déclinent toute question.

M. le président fait lecture d’une déposition anonyme. Cette personne écrit que M. MANIER aurait été muté pour des infractions que M. MANIER aurait commise à MUYIRA.

L’audience est suspendue à 17h.

 

Coline BERTRAND, stagiaire

Alain GAUTHIER, président du CPCR

Jacques BIGOT, pour les notes et la mise en page

 

  1. TPIR : Tribunal Pénal International pour le Rwanda, créé à Arusha (Tanzanie) par la résolution 955 du Conseil de Sécurité des Nations Unies, le 8 novembre 1994 (en anglais ICTR).[]
  2. FPR : Front Patriotique Rwandais[]
  3. Inyenzi : Cafard en kinyarwanda, nom par lequel les Tutsi étaient désignés par la propagande raciste, cf. Glossaire.[]
  4. ISAR Songa : Institut des sciences agronomiques du Rwanda[]
  5. ISAR SONGA : Institut des sciences agronomiques du Rwanda[]
  6. Gacaca : (se prononce « gatchatcha »)Tribunaux traditionnels au Rwanda, réactivés en 2001 et opérationnels à partir de 2005 jusqu’en 2012, en raison de la saturation des institutions judiciaires pour juger des personnes suspectées de meurtre pendant le génocide. Composées de personnes élues pour leur bonne réputation, les Gacaca avaient une vocation judiciaire et réconciliatrice, favorisant le plaider coupable en contrepartie de réductions de peines. Près de 2 millions de dossiers ont été examinés par 12000 tribunaux gacaca avant leur clôture officielle le 18 juin 2012, cf. glossaire.[]

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