Procès en appel de SIMBIKANGWA. Mercredi 2 novembre 2016. J5

Audition de monsieur Stéphane AUDOIN-ROUZEAU, directeur d’étude à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS)

Le témoin commence par reconnaître qu’il n’est pas un spécialiste du génocide des Tutsi, qu’il n’a rencontré ce génocide que  tardivement, en 2008: il le regrette. En 1994, il n’a pas vu ce génocide qui est resté en dehors de son champ d’investigation. Ce n’est que plus tard qu’il a compris ce qui s’était passé au Rwanda et qu’il aurait dû relier ce génocide au génocide des Arméniens et des Juifs.  Il souhaite donc « adopter une posture de modestie« .

Monsieur AUDOIN-ROUZEAU a compris alors qu’il s’agissait bien, au Rwanda, d’un génocide. La définition qu’il en donne n’est pas une définition juridique. Ce qui lui prouve que c’est un génocide, ce sont les pratiques utilisées: « Quand on tue hommes, femmes, enfants, fœtus… et qu’on les jette dans les latrines, il y a génocide. » Et d’ajouter: « Il s’en est fallu de peu que ce projet réussisse. »

D’autre part, « ce génocide est à relier absolument aux deux autres génocides du XXème siècle, celui des Arméniens et celui des Juifs d’Europe« . La racine idéologique est la même, elle est européenne. Il s’agit d’une pensée « raciste et racialiste de la fin du XXème siècle et du début du XXIème siècle« . Concernant le Rwanda, cette pensée racialiste est aussi « coloniale »: les colons ont « classé » les populations du Rwanda, « ils ont appliqué leur pensée ethnique sur la société rwandaise« . Point d’orgue de cette politique: la création de la carte d’identité avec mention ethnique en 1931, cette carte d’identité qui sera synonyme de condamnation à mort immédiate sur les barrières en 1994!

Il existe des pré-requis pour parler de génocide: la guerre et la participation d’un État. Il n’y a pas de génocide sans guerre et sans l’angoisse de la défaite, celle déclenchée par le FPR en octobre 1990. La guerre est importante car « elle abaisse les seuils de tolérance de la violence« . Pas de génocide non plus sans État, « seul un État peut prendre en charge un tel crime de masse« , un état avec son appareil politique et administratif. Il existe toutefois une spécificité du génocide des Tutsi: le rôle joué par les voisins. « On ne peut pas comprendre la rapidité de ce génocide sans considérer qu’il s’agit d’un génocide de voisinage« . Sans oublier le rôle central de médias tels que le journal Kangura et la RTLM (Radio Télévision Mille Collines). Il est donc absurde de parler de pogrom spontané.

Monsieur AUDOIN-ROUZEAU termine son audition en évoquant Raul HILBERG, qui écrit, en 2006, dans la dernière édition de son ouvrage, La destruction des Juifs d’Europe: « Au Rwanda, l’histoire a recommencé ce qui s’était terminé en 1945« . Et le témoin de conclure: « Le génocide des Tutsi est un événement qui n’est pas encore reconnu à sa juste mesure. Nous devons nous intéresser à ce génocide: sinon, nous assassinons les victimes une seconde fois. »

Les questions du président DE JORNA vont donner au témoin l’occasion d’apporter quelques précisions. Pour le Rwanda, on ne parle pas de « pureté de la race » car Hutu et Tutsi ne sont pas des races. On peut parler, comme le dit Sigmund FREUD, de « narcissisme des petites différences« . C’est cette différence mineure qui exacerberait l’angoisse et qui serait à l’origine des meurtres de masse.

D’autre part, « il n’y a pas de génocide sans négationnisme » et ceux qui le commettent savent qu’il faut le nier (voir la Turquie actuellement). Une des formes du génocide des Tutsi est la « théorie du double génocide« , tentative de relativiser ce qui s’est passé au Rwanda entre avril et juillet 1994. (NDR: cette notion de double génocide a été reprise à plusieurs reprises par des responsables politiques français).

Et il ne peut s’agir d’une « révolte spontanée« : fin avril, on comptait 65 000 morts à Kigali, soit le quart de la population de la capitale. Le génocide va se répandre dans le pays au gré des déplacements du gouvernement ou au gré des interventions de ce même gouvernement (cf. le début du génocide à Butare après le discours du président SINDIKUBWABO): le génocide va se répandre jusque dans les collines et « la population va se sentir légitimée à commettre le génocide« .

Quant à dater le début du génocide en 1959 comme on a « la fâcheuse tendance de le faire au Rwanda dans les discours politiques ou dans les commentaires des guides des mémoriaux« , c’est « une mauvaise façon d’aborder la question. » En 1994, on assiste à une changement d’échelle et à un changement de nature par rapport aux massacres des années qui ont précédé le génocide (cf. les églises lieux de refuge autrefois, lieux de massacre en 1994).

Dans ce génocide, il faut souligner le rôle important des élites (professeurs, médecins, prêtres…), comme chez les SS. « L’intelligence et la culture font bon ménage avec la pensée exterminatrice« .

Au Rwanda, on a le sentiment d’avoir été abandonné par la communauté internationale en 1994. Le départ de la force de l’ONU a ouvert le champ des possibles:  » Un espace de liberté meurtrière s’ouvrait« .

Concernant la réconciliation? « Je suis assez méfiant de cette exigence des Occidentaux à demander la réconciliation » déclare le témoin. « La plupart des tueurs sont sortis de prison et viennent revivre auprès de leurs victimes. A la campagne, les rescapés ne vivent pas tranquilles, l’hostilité est toujours là. La population tutsi du Rwanda reste en  danger: le feu est toujours sous la cendre. » Et le témoin de rapporter les propos d’une rescapée qu’il a rencontrée:  » Je demande tous les jours à Dieu pardon de ne pas pouvoir accorder le pardon! » Quant aux Gacaca, cette « justice sur le gazon« , elles ont été importantes non pour la réconciliation mais pour la pacification« .

La dernière question du président porte sur « le désintérêt de l’opinion internationale » pour ce génocide. Même les historiens ont mis du temps à comprendre ce qui se passait. S’agirait-il « d’un racisme de l’Occident, d’une indifférence générale »? Commentaire de monsieur AUDOIN-ROUZEAU: « Nous sommes nombreux ici à être éperdus de regrets. Si les Occidentaux ne pouvaient pas comprendre le génocide des Arméniens et celui des Juifs, au Rwanda, il était possible de l’empêcher ». Une consolation cependant? La leçon du Rwanda a peut-être servi ailleurs, comme en Côte d’Ivoire!

L’avocat général, monsieur Ludovic HERVELIN-SERRE, tente un rapprochement entre le génocide au Rwanda et la Shoah dans la mesure où, dans les années 1940, la chambre à gaz n’a pas été le seul mode d’extermination des Juifs (allusion à la Shoah par balles en Europe de l’Est). Le témoin confirme tout en soulignant une fois de plus le rôle des voisins au Rwanda, tout comme ce fut le cas en Pologne, en Ukraine ou en Biélorussie.

« Au Rwanda, il a fallu empêcher de fuir« , continue l’avocat général. Le témoin de reconnaître qu’au Rwanda il y avait peu de lieux de refuge.Le pays s’est couvert de barrières, de lieux de contrôle. La géographie du pays imposait des lieux de passage obligés: donc très difficile de fuir.

« Un citoyen ordinaire pouvait-il ne pas savoir ce qui allait arriver« ? questionne l’avocat général. Le témoin précise qu’il y avait des listes d’opposants; des milices avaient été formées et militarisées. Tout citoyen savait.

« Que faut-il attendre du procès en appel de SIMBIKANGWA » ? demande l’avocat général. Monsieur AUDOIN-ROUZEAU de répondre: «  La société française est restée très inconsciente. La salle d’audience est vide. En aurait-il été de même s’il s’était agi de TOUVIER? La société française ne s’intéresse pas au génocide (des Tutsi). Elle ne veut pas savoir. Il s’agit d’une situation de déni, avec des formes de négationnisme perverses. Il s’agit d’un procès sans impact immédiat, mais un procès pour l’Histoire« .

Monsieur CROSSON DU CORMIER avoue que le fait de dire que la notion de génocide est d’importation européenne représente pour lui une honte. Et d’interroger le témoin sur l’existence de « causes propres au Rwanda de 1994« . Le témoin précise qu’au Rwanda on a des récits de meurtres, de viols, mais aussi de prédation. Les tueurs ont volé les biens des victimes (tôles, vaches, terres…). Ces « effets d’aubaine » ont été jugés par les Gacaca. Il s’agit même d’une « prédation festive« : on mange la viande des vaches volées, on gaspille… (NDR: on pourrait rajouter « on festoie » au retour des tueries).

« On a parlé d’un manque de place au Rwanda pour justifier le génocide » interroge l’avocat général? Réponse du témoin: « On trouve ce phénomène en Allemagne, avec la notion du besoin d’un espace vital. Comment mesurer ce manque de place? On interdisait tout droit au retour pour les enfants des exilés, idée martelée à partir de 1973… Aujourd’hui, le Rwanda compte plus de 11 millions d’habitants! »

Parole est donnée à maître BOURGEOT pour la défense. Elle rapporte les propos de Raul HILBERG qui avait déclaré que « dans le désastre du Rwanda, il n’y avait pas de guerre« . Elle tente d’opposer monsieur GUICHAOUA,  un véritable expert, au témoin qui, lui, est spécialiste de la Première Guerre mondiale! Que pense le témoin de monsieur Filip REYNTJENS,  expert bien connu qui a refusé de venir témoigner?

Réponse du témoin. Monsieur HILBERG était âgé quand il a tenu ces propos! Quant à monsieur GUICHAOUA, « on peut être expert et ne pas avoir raison! Je ne suis pas entièrement d’accord avec GUICHAOUA sur la chronologie du génocide, par exemple! » GUICHAOUA situe le commencement du génocide le 12 avril? Le témoin n’est pas d’accord.

Autre question de la défense: le temps judiciaire et le temps de l’Histoire?

« Il s’agit d’une question fondamentale. Le temps qui passe est une catastrophe dans le domaine de la justice. Pour l’historien, 22 ans, c’est très peu, et c’est beaucoup trop pour la justice. Pour les historiens, il reste beaucoup de travail à faire. Les sciences sociales dont dans la première phase de leurs travaux alors que le temps judiciaire sera terminé! » Tels sont les commentaires du témoin.

Maître BOURGEOT voudrait entraîner le témoin sur « le ressentiment qui serait entretenu par les incursions du FPR » dès lors responsable des répercussions sur les Tutsi de l’intérieur! Le témoin sera amené à préciser qu’il n’est pas le défenseur du FPR et ajoute que l’attitude du pouvoir actuel ne justifie en rien les violences de 1994!

Et toujours le thème de la « manipulation des témoins » selon la défense! Réponse de monsieur AUDOIN-ROUZEAU:  » Ce qui me frappe au Rwanda, c’est que les victimes se sentent toujours menacées. les rescapés ont peur et représentent une minorité menacée. » Les associations des droits de l’Homme disent le contraire? GUICHAOUA parle d’un génocide perpétré par le FPR au Zaïre? Ce n’est pas l’avis du témoin. Au Zaïre, il s’agit de massacres de masse. Mais de toutes façons il n’y a pas de hiérarchie dans les massacres de masse!

Monsieur SIMBIKANGWA à qui on donne la parole reprend le « refrain » qu’on lui connaît depuis une semaine. Il a tardé à reconnaître qu’il y a eu un génocide au Rwanda? Même l’ONU a tardé. Et puis, il y avait de nombreuses forces en présence au Rwanda (ONU, FAR, FPR…) Et de conclure, imperturbable: «  C’est à travers la procédure que j’ai appris que les gens ont perdu les leurs! » (NDR. En première instance, il avait avoué qu’il avait pris conscience du génocide en lisant le livre de RUZIBIZA alors qu’il était à Mayotte!)

 

Audition de monsieur Jacques SEMELIN, directeur de recherche au CNRS et professeur à Sciences Po.

Le témoin commence par qualifier le génocide des Tutsi de « phénomène monstrueux« . Et de s’interroger  sur l’interprétation que l’on va faire de ses propos. C’est en mémoire de Raphaël LEMKIN, inventeur du concept de génocide, qu’il avoue être là. Il parle de sa triple formation de psychologue, d’historien et de sociologue mais refuse de se considérer comme un spécialiste du Rwanda. Il est un « généraliste de l’analyse des crimes de masse« . Et d’ajouter que « vouloir comprendre, ce n’est pas excuser les bourreaux« . C’est montrer les logiques qui vont se mettre en œuvre en impliquant un grand nombre de personnes. « Tout comprendre? ». Impossible, mais le témoin s’interroge:  » Comment est-ce possible d’en arriver là? » Il y a ce qu’il appelle « le trou noir de notre barbarie« . Et d’ajouter que le mot « génocide » a connu « une véritable inflation à cause de la concurrence des mémoires. Tout massacre n’est pas génocide ». Nécessité de bien peser le sens des mots.

Pour comprendre le génocide, il faut partir de la notion de « massacre« : une « action collective de destruction de non- combattants. Il existe une multiplicité des causes, ce qui obsède le témoin. Et de citer Léon POLIAKOV:  » L’événement ayant une multiplicité de causes, il est impossible de connaître la cause de cet événement ». Le génocide est un processus lent qui connaît des inflexions puis une forte accélération.

Selon le témoin, un génocide ne se commet pas dans n’importe quel pays. Il faut qu’il y ait une crise socio-économique, une crise des institutions, une crise des élites. Tout cela est en place au Rwanda à la fin des années 80.

Nécessité aussi de souligner le rôle de l’idéologie. Des « entrepreneurs identitaires » vont proposer une lecture du malheur des gens. On va désigner un « EUX » (les Tutsi) par rapport à un « NOUS » (les Hutu), victimes de l’Histoire. « Cette fois-ci ils ne nous auront pas« ! Il faut se défendre contre ce « EUX », les Tutsi, ces étrangers venus après les Hutu! Ce « EUX » est trop nombreux: on va donc l’animaliser (serpent, cafard…). Quant à la « figure du suspect« , c’est un Hutu, mais un traître, un ennemi aussi.

Le témoin d’ajouter:  » On commence à tuer avec des mots, les mots préforment les crimes de masse. De petites violences précèdent la grande violence. Si ce type d’idéologue prend le pouvoir, on franchit un nouveau cran quand la guerre est là (à partir de 1990). Quand la guerre est là, l’individu se comporte différemment, il défend son groupe. Ce qui change, c’est la manière de voir l’autre. Tu es avec moi ou contre moi? Tu es Hutu ou tu es Tutsi? On s’en prend à des non-combattants! »

Le contexte international est central. Le massacre est un co-produit d’une situation locale et d’une situation internationale. Il s’agit là d’un facteur fondamental. Et de citer TACITE, historien et sénateur romain, pour illustrer cette situation:  » Quelques-uns l’ont voulu, d’autres l’ont fait, tous l’ont laissé faire« . Le politique devrait être là pour « calmer le cheval fougueux« . Au Rwanda, « le politique a fouetté le cheval fougueux« ! Et d’ajouter: «  Les planificateurs ne tuent pas, les organisateurs tuent peu, les exécutants tuent ». Expression qui sera reprise par le président et qui amènera le témoin à préciser que « celui qui ne tue pas est responsable. Le crime de masse vise à la massification du crime »: beaucoup de victimes et beaucoup de tueurs.

« On peut basculer dans le crime pour des raisons de carrière, de conformité aux autres, mais certains le font par conviction, parce qu’ils y croient. Même ceux qui sont contraints doivent trouver des raisons, il faut qu’ils se justifient en train de faire ce qu’ils font, qu’ils soient hommes ou femmes. »

Le témoin évoque « la figure pathétique du tueur/ sauveteur« : » Qui veut sauver un Tutsi (ami, voisin, famille…) doit en tuer d’autres pour donner des gages de conformité  aux autres« . Cette notion de « tueur/sauveteur » est à distinguer de celle du « Juste« . Au Rwanda, un Juste est un Hutu qui prend des risques considérables pour sauver un Tutsi. Mais ce fut rare. Cette notion de « tueur/sauveteur » est à rapprocher de celle de « zone grise » chez Primo LEVI, instant d’humanité chez des bourreaux dans les camps par exemple. Peu de »tueurs/sauveteurs » au Rwanda: tout le monde est invité à participer à la chasse aux Tutsi, même les enfants!

Pour conclure, monsieur SEMELIN nomme deux types de criminels de masse:

  1. celui qui veut conquérir un territoire, détruire pour soumettre et le FPR n’est pas exempt de ce type de pratique.
  2. celui qui veut détruire pour éradiquer, déraciner l’autre comme une plante venimeuse, comme un microbe contagieux. C’est ce qui se passe au Rwanda.

Une question du président donne l’occasion au témoin de préciser sa pensée. Au Rwanda, on a tout fait pour faire partir les Occidentaux pour qu’il y ait le moins de témoins possible.. A l’ONU, on décide de retirer les troupes internationales, geste qui est considéré par les autorités rwandaises comme un feu vert donné à commettre le génocide.

Maître FOREMAN, avocat du CPCR, veut savoir si le témoin a travaillé sur les écrits de monsieur SIMBIKANGWA, en particulier sur une Lettre du 6 août 1962 [1] que l’on trouve dans son livre  » La Guerre d’octobre » [1].  Le témoin répond par la négative. On reviendra ultérieurement sur ce document.

Intervention de l’avocat général, monsieur HERVELLIN-SERRE. Il voudrait avoir des précisions sur le fait qu’au Rwanda on a empêché les gens de fuir. Monsieur SEMELIN de préciser qu’au Rwanda on est allé plus loin qu’en ex-Yougoslavie qui a pratiqué le « nettoyage ethnique« . On veut empêcher le Tutsi de fuir pour l’éliminer:  » Cette fois-ci, il ne nous échappera pas« !

La mise en place rapide des barrières est bien une preuve qu’il s’agissait là d’une organisation et non d’une improvisation. Par contre, il n’est pas sûr que l’ampleur des massacres ait été prévue! Dès 1993, on assiste à un achat massif de machettes, information qui arrive aux Nations- Unies mais qui n’en fait rien.

L’avocat général demande au témoin quelle importance il attache à ce procès. Pour lui, « c’est essentiel pour la mémoire, pour l’Histoire, pour la Justice. Il est essentiel que ce procès se déroule en France; procédure essentielle pour notre humanité. »

En réponse à une question de monsieur CROSSON DU CORMIER, avocat général, le témoin précise:  » Il faut distinguer le crime de génocide, le crime de guerre et le crime contre l’humanité. Le crime de génocide vise à éradiquer un groupe selon des critères fixés par les idéologues. Il existe un impérieux besoin de sécurité qui conduit le tueur à éliminer l’autre. Mais tous les individus ne sont pas tenus par le discours dominant. Tous les Hutu ne sont pas devenus des génocidaires. A préciser que les premières victimes ont été ceux qu’on appelle les « Hutu modérés », les traîtres. »

Maître BOURGEOT, comme à son habitude, voudrait entraîner le témoin sur un chemin qui ne concerne pas l’affaire dont il est question: la responsabilité de la France, sujet traité par le témoin dans un article du Monde en 2008. Elle évoque aussi le dernier rebondissement dans l’affaire de l’attentat contre le président HABYARIMANA: un ancien responsable du FPR, Kayumba NYAMWASA, réfugié en Afrique du Sud, qui veut donner son témoignage dans lequel il accuse le président KAGAME d’avoir fait abattre l’avion. Le président intervient en demandant qu’on ne fasse pas de discussion entre professionnels afin de ne pas perdre les jurés qui ne connaissent probablement rien à ce dernier rebondissement.

 

La journée se termine par la projection d’un documentaire diffusé fin 1994 dans le cadre de l’émission « La marche du siècle » de Jean-Marie CAVADA: « Etat d’urgence: Rwanda, autopsie d’un génocide« .

L’audience est suspendue à 18h40.

Alain GAUTHIER, président du CPCR.

 

  1. Nombreux sont ceux qui dénoncent les dérives racistes de « La Guerre d’octobre » écrit par Pascal SIMBIKANGWA, en particulier une Lettre du 6 août 1962 qu’il reprend page 50. Télécharger le document : 1ère partie (6,4 Mo) – 2ème partie (7 Mo)
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