Procès en appel de SIMBIKANGWA. Jeudi 17 novembre 2016. J15

La journée commence par des actes de procédure à l’initiative de la défense. Il s’agit d’une demande de « donner acte » à propos de deux « incidents » :

– SIMBIKANGWA et le multipartisme: monsieur le président ayant déclaré qu’il était contre, suite à l’interprétation d’un passage du livre de l’accusé La Guerre d’octobre.

– inquiétude de la défense concernant l’interruption de l’interrogatoire de l’accusé.

Monsieur CROSSON DU CORMIER, l’avocat général, et soutenant la position du président, demande à ce qu’on « reste juridiques ». Il s’agissait bien, dans l’interprétation du président, de la position de l’accusé et non de sa culpabilité. L’accusé a bien été entendu en dernier.

Le président, concernant la première demande de « donner acte », signale qu’il y sera répondu en temps utile. Par contre, pour la seconde, il propose de donner la parole à l’accusé : ce sera une réponse à cette seconde demande.

Maître EPSTEIN fait remarquer que, « la vérité sortant de la contradiction, il est nécessaire d’interroger les témoins tant qu’ils sont à la barre« . Ce que personne ne conteste.

Monsieur SIMBIKANGWA voudrait « lever quelques équivoques » :

– « Revenir sur des faits prescrits, ça me fatigue et ça prend beaucoup de temps ».

– Concernant la RTLM, il n’était que actionnaire, pas créateur. Il n’avait aucune autorité.

– Concernant les propos de monsieur SWINNEN sur la radio Muhabura… Le président lui signale qu’on reviendra sur le sujet.

– Concernant les déclarations de madame KAVARUGANDA sur la mort de son mari, « je ne suis pas poursuivi pour ce fait » et Augustin NDIDILIYIMANA a été acquitté au TPIR !

– Il a toujours été pour la démocratie.

– Il a dénoncé la façon de faire des partis politiques d’opposition qui allaient débaucher des adhérents dans les autres partis (Ukubohoza), Il signale avoir toujours soutenu la démocratie, d’avoir soutenu les Tutsi qui « avec raison, réclamaient plus de pouvoir », avoir soutenu le MRND parce que HABYARIMANA voulait unir les deux ethnies.

Profitant du fait qu’il a la parole, il minimise le nombre de morts de Kibilira et du Bugesera par rapport à ceux du Congo !

– Umurava ? « On m’a mis Umurava sur le dos. C’est KAREKEZI qui utilisait mes adversaires. »

– Le logement de fonction ? « L’avocat général s’est dit surpris qu’un capitaine puisse avoir un logement de fonction ? J’ai gardé mes avantages acquis en redevenant civil.« 

– Lors du témoignage du capitaine LE FOLL, maître FOREMAN aurait contourné deux fois le ministère public. Il souhaite que le conseil du CPCR puisse s’expliquer. Il ajoute que l’avocat « a fait trois fois obstruction à la justice ! » (NDR. Comprenne qui pourra!)

– De redire que madame UMULINGA est sortie du dossier.

– Son appartenance au MRND ? « Ce n’est pas un crime ! »

– L’Akazu ? Après avoir dit que HABYARIMANA était de sa région, il déclare que « le véritable Akazu ce sont les représentants du Sud dans le gouvernement du 9 avril 1994.« 

Au tour de maître BOURGEOT, pour la défense, de poser une dizaine de questions qui portent sur des détails et qui ne présentent que peu d’intérêt pour la suite des débats.

 

Audition de monsieur Isaïe HARINDINTWARI, gardien de la maison située en face de chez SIMBIKANGWA.

Avant l’audition du témoin, on procède au visionnage de courtes vidéos tournées à Kigali, dans le quartier de monsieur SIMBIKANGWA, par les avocats du CPCR en 2013.

Le témoin commence par adresser des remerciements à Dieu pour avoir eu la vie sauve pendant le génocide et lui avoir permis de faire un bon voyage. Remerciements adressés aussi à SIMBIKANGWA qui l’a protégé, et à la Cour.

Pendant le génocide, il était voisin de l’accusé. Ce dernier le sauvera à trois reprises des griffes des Interahamwe, lui procurera de l’eau et de la nourriture, fera venir sa femme et ses enfants à Kiyovu, même si ces derniers finiront par mourir. On le considérait comme « le Tutsi de SIMBIKANGWA« .

Le témoin évoque ensuite une réunion présidée par le préfet RENZAHO et à laquelle il a participé. SIMBIKANGWA était là aussi. Quelqu’un, Ephrem SETAKO dira-t-il plus tard, a alors exhibé une arme. L’accusé aurait déclaré qu’on allait leur en fournir. Une distribution sera effectivement faite un peu plus tard, armes en provenance de chez l’accusé.

Il évoque aussi rapidement une attaque organisée chez une certaine Jeanine (voir compte-rendu du procès en première instance). Quatre personnes ont été tuées lors de cette attaque. Une dernière sera opérée contre la maison de la Commission européenne.

Pendant le génocide, il reconnaît que des gens ont bien trouvé refuge chez SIMBIKANGWA, en particulier des membres de la famille GAHAMANYI dont trois d’entre eux qui seront entendus lors du procès. Certains pourront rejoindre l’Hôtel des Mille Collines.

Questionné par monsieur le président, le témoin dit qu’il connaissait la réputation de l’accusé avant le génocide mais qu’il a voulu vérifier si ce qu’on disait de lui était vrai. « Je l’ai aimé jusqu’à ce jour » ajoute-t-il. « Il était en fauteuil roulant et c’est par compassion que je l’aidais.J’ouvrais son portail et je sortais son fauteuil roulant. Il avait un bon fond ! » Mais d’ajouter aussitôt : « Il a distribué des armes ! » Et de rappeler les trois fois où il a été sauvé par SIMBIKANGWA. Il sera toutefois blessé lors d’une attaque de la maison dont il était le gardien.

Le témoin ne se souvient pas avoir vu l’accusé pendant les deux ou trois premiers jours du génocide mais il redit avec insistance que SIMBIKANGWA a bien distribué des armes aux Interahamwe.

Vont suivre de longs débats à propos des réunions qui se seraient tenues dans le quartier. De nombreuses contradictions apparaissent dans les déclarations du témoin quand on compare les comptes-rendus des différentes instances qui l’ont auditionné. Maître EPSTEIN ne se privera pas de s’engouffrer dans la brèche !

Une autre série de questions portera sur l’érection des barrières : leur emplacement, les personnes présentes…  « SIMBIKANGWA ne tenait pas les barrières, mais il les contrôlait ! » Et le témoin d’ajouter : « Beaucoup de calamités se sont produites sur les barrières. Le faciès suffisait pour se faire tuer. On tuait les Tutsi ou ceux qui leur ressemblaient et qui n’avaient pas de carte d’identité. »

Les morts ? « Dans le quartier, il y avait beaucoup d’odeurs. Les cadavres étaient mangés par les chiens. Une pelleteuse est venue les chercher. Beaucoup de corps ont été transportés au CHK. » (Centre Hospitalier de Kigali).

Le témoin affirme aussi avoir vu SIMBIKANGWA rentrer chez lui avec des objets volés dans les maisons dont les propriétaires avaient été tués ou qui avaient fui. Il avait récupéré une Peugeot 305 neuve !

Après la fuite des militaires de Kigali, SIMBIKANGWA était la seule autorité à rester. Il portait son uniforme de l’armée. « Mais c’est bien lui qui a permis à ma famille de venir me rejoindre. »

Les questions de monsieur HERVELIN-SERRE, l’avocat général, permettront de préciser certains points déjà évoqués : les réunions, les réfugiés de chez l’accusé, la distribution des armes, la fréquence des sorties de l’accusé, les déclarations étonnantes de son épouse aux enquêteurs. Cette dernière question l’obligera à reconnaître que son épouse était à Butare mais qu’il avait une autre femme à Kigali. Le témoin dira aussi qu’il a bien vu BAGOSORA venir un jour chez SIMBIKANGWA après le début du génocide.

A maître EPSTEIN d’entrer en scène. Il va « cuisiner » le témoin sur ses rencontres qu’il aurait pu avoir avec des associations, des rescapés, sur ses relations avec SIMBIKANGWA, sur les réunions qui se sont tenues à Kiyovu et à propos desquelles il donne des versions différentes. Pour finir par lui demander s’il fait bien la différence « entre ce qu’il a vu et ce qu’il a entendu dire. »  « Quand est-ce que vous dites la vérité ? »

Le témoin tente de dire qu’il essaie toujours de dire la vérité.

Maître BOURGEOT veut avoir la confirmation qu’il a bien été arrêté après le génocide. C’est vrai. Le témoin affirme que quelqu’un l’a trahi parce qu’on a commencé par le considérer comme un Interahamwe: il demandait des nouvelles de SIMBIKANGWA. Toujours questionné par maître BOURGEOT, le témoin reconnaît être entré assez souvent dans la maison de SIMBIKANGWA en l’absence de ce dernier et sur l’invitation de sa fille. Mais il ne se rendait que dans le salon. L’avocate de revenir sur les réunions dont on a parlé, ce qui fatigue le témoin. Ce dernier confirme ce qu’il a dit, même si RENZAHO prétend le contraire. (NDR. Pourquoi RENZAHO, qui a joué le rôle qu’on lui connaît dans le génocide, dirait-il la vérité?)

Le témoin prétend que c’est SIMBIKANGWA qui a fait venir sa famille à Kiyovu et il ne s’en vante pas! Son beau-frère donne aussi une autre version des faits. Monsieur HARINDINTWARI met ces déclarations sur le compte de la vieillesse et de la maladie. Son beau-frère souffrait du diabète.

« Pourquoi vous l’accablez, SIMBIKANGWA ? » demande l’avocate. Le témoin de dire: « Il m’a fait du bien, je lui suis reconnaissant. Je remercie aussi Dieu. Aujourd’hui je peux tout donner, tout faire selon mes moyens, mon intelligence mais cela ne m’empêchera pas de dire la vérité. Nous sommes ici pour connaitre la vérité.« 

Et l’avocate de conclure: « Nous sommes ici pour connaitre la vérité. Comment peut on vous croire? »

Après une suspension d’audience, la parole est donnée à Pascal SIMBIKANGWA.

Président : « M. SIMBIKANGWA, pour vous, c’est un témoin à charge ou à décharge?« 

SIMBIKANGWA : « C’est dommage, au commencement il a bien dit que je l’ai aidé à survivre et puis il a ajouté d’autres histoires auxquelles je suis totalement étranger, nous le démontrerons. Je ne sais pas pourquoi il ajoute un mensonge. »

Président: Il dit vrai quand il est a décharge pour vous. Est ce que vous êtes d’accord quand il dit que vous lui avez sauvé la vie trois fois? » « Une fois je m’en souviens » répond l’accusé. « J’ai dit que je le connaissais, que ce n’était pas un infiltré. »

Président : »Il exagère quand il dit 3 fois ? Lui ça ne lui rapporte rien !« 

SIMBIKANGWA: « Ça peut arriver tout près, c’est possible. Je me souviens de l’avoir vu à côté de sa maison. Je lui ai dis que s’il avait des problèmes il pouvait venir me voir. Sur les armes, il sait très bien, c’est pas lui. Je suis sûr qu’il est sincère. Mais de l’autre côté, la circonstance l’oblige à mentir. La circonstance c’est qu’il n’a pas de liberté de dire ce qu’il veut dire. Il a dit une vérité mais doit mettre quelque chose à côté. »

Président : « D’accord. Mais pourquoi, s’il veut vous accuser, insiste- t- il sur le côté bien? Comment expliquez vous ça? »

SIMBIKANGWA: « C’est ce que le Colonel a dit hier, les circonstances obligent, les gens ont changé et l’environnement dans lequel ils vivent.. La réconciliation n’est pas encore entrée dans la tête des gens. Pour lui, il voudrait que je sorte, il sait que je ne le mérite pas. »

Maître EPSTEIN, irrité: « C’est le minimum que l’on doit à l’accusé! Bon dieu! » Et SIMBIKANGWA de renchérir:  « Nous sommes des hommes intelligents. Il a menti. Le préfet a bien dit que jamais il ne m’a rencontré après mon accident. Qu’est-ce que vous voulez que je vous dise! Il a menti! »

Président : « Est ce que c’est vrai que vous avez dit que c’est votre Tutsi? »

SIMBIKANGWA: « Monsieur le Président, je voudrais sincèrement.. En tant que magistrat vous avez quand même travaillé longtemps, vous pensez qu’un Capitaine dise un truc comme ça? Vous pensez que je peux faire ça moi? Cette affaire n’a jamais existé. Il ajoute des choses car il y a un problème rwandais, refus total, absolu de l’innocence. Nous tous nous voulons punir les coupables! Tous! Mais personne ne respecte l’innocent, on veut que tout le monde soit diabolisé! Tout simplement, tant que le pouvoir n’aura pas cette volonté de réconciliation nationale, on continuera à mentir! Ce monsieur, il n’a jamais eu de problèmes avec moi!  Je l’ai aidé, il a dit avoir vu les armes mais ne les compte pas et ne m’a pas vu les distribuer! Ce qui a détruit le Rwanda,  c’est d’abord les identités, le ParmeHutu, le MRND, aujourd’hui c’est IBUKA! » Et de redire que c’est IBUKA qui empêche les gens de dire ce qu’ils ont vu. Et que vu son rang, il ne pouvait pas contrôler les barrières. De confirmer une nouvelle fois qu’il n’y a pas eu de morts dans le quartier!

Sur l’enlèvement des morts, l’accusé se lance comme à son habitude dans des explications incompréhensibles.

Maître FOREMAN: « Juste une question:comment vous avez fait pour le sauver? »

SIMBIKANGWA: « Maître, merci pour la question. C’est rare que vous m’adressiez la parole avec politesse. Je peux raconter beaucoup de choses sur vous aussi. Comment est ce que je peux aider? J’avais des militaires à côté de moi. Ça me donnait la respectabilité. Cela faisait que les milices ne pouvaient pas faire des choses contre moi. »

Maître EPSTEIN s’adresse à son tour à son client. « Comment vous comprenez que dans le même procès verbal il dise deux choses différentes?« 

Monsieur SIMBIKANGWA de répondre: « Je ne suis pas psychologue mais c’est psychologique. C’est un problème de manque de… des difficultés de personnalité liées au circonstances difficiles dans lesquelles se trouvent les gens qui viennent dans des procès pareils. Le TPIR devait me juger, il a trouvé, même le procureur général de Mayotte, que mon dossier était incomplet. Qu’il ne pouvait pas juger ce dossier après 15 ans. Ce qui l’a conduit est un document obsolète. Si on suivait uniquement ces enquêteurs, sans pression, sans lobby, il n’y aurait aucune raison que je sois ici devant la cour de France. »

Maître BOURGEOT revient sur la situation des deux portails qui ne sont pas l’un en face de l’autre. Mêm le plan de la maison de SIMBIKANGWA ne correspond pas à la réalité! « Je vais vous expliquer, c’est un plan dans le dossier, ce n’est pas le plan de la maison de SIMBIKANGWA. Il y a quelques témoins qui ont vu des choses dans des maisons qui n’existent pas » affirme l’avocate de la défense.

 « Il s’agit pourtant d’un plan établi par les enquêteurs » fait remarquer maître AKORRI.

Le président abrège les débats. Il reste encore un témoin à entendre et il commence à se faire tard.

 

Audition de monsieur Jean-Marie Vianney NYIRIGIRA, gardien de maison.

Président : »Est- ce que vous connaissez M. SIMBIKANGWA? Qu’est ce que vous savez sur lui? »

Réponse du témoin: « Pascal SIMBIKANGWA je le connais comme quelqu’un qui habitait près d’où je travaillais. Je le voyais aller et venir mais j’exerçais des activités qui ne me permettaient pas de le voir tous les jours. Ce que je sais, c’est ce qu’il m’est arrivé et ce que j’ai vu. »Le témoin de poursuivre, à la demande du président: « Pascal SIMBIKANGWA se trouvait à la barrière à laquelle on nous avait placés. Il m’a observé, m’a demandé ma carte d’identité. Comme je l’avais changée, il m’a observé. Il a regardé aussi cette carte et a dit aussitôt à des militaires:  “Mais qu’est ce que vous faites à rester avec un type pareil?”. Il m’a livré pour qu’on me tue. Comme parmi les militaires se trouvait un ami, un voisin, l’intéressé m’a dit de partir car il y avait un ordre de me tuer. »

Retourné chez lui, SIMBIKANGWA, apprenant qu’il n’était pas mort, va envoyer un certain Benoît, accompagné d’Interahamwe, pour le tuer. Prétextant qu’il ne pouvait sortir pieds nus, le témoin obtient l’autorisation de rentrer dans la maison. Il en profitera pour s’échapper par une porte arrière. Il reviendra chez lui à la nuit tombante. les tueurs avaient quitté la maison. Le lendemain, un militaire l’aidera à fuir et répandra la nouvelle qu’il l’avait tué. D’où la surprise de ceux qui voulaient le tuer quand ils l’ont revu après le génocide.

Le témoin veut aussi s’exprimer sur la distribution des armes. Et d’évoquer deux circonstances au cours desquelles des armes ont été données en provenance de chez SIMBIKANGWA. Le même Benoît est venu sur la barrière où se trouvait le témoin et, pour exciter leur haine, leur a fait croire que le FPR avait exterminé tous les Hutu dans le quartier de Kacyiru. Demande leur a été faite de ne laisser passer aucun Tutsi. Des massacres ont été la conséquence de cette mise en garde. La seconde distribution d’armes se déroulera après le 20 avril. Le témoin précisera ensuite qu’il était bien le gardien de la maison d’un Suisse, monsieur FISCHER. Monsieur NYIRIGIRA connaissait SIMBIKANGWA mais ne le fréquentait pas: ils n’étaient pas du même rang social que lui. Il reconnaît avoir falsifié sa carte d’identité pour se sauver la vie.

Il sera ensuite contraint de se tenir à une barrière, celle près de la maison de chez Z, Protais ZIGIRANYIRAZO, en face de chez les Chinois. A la barrière on tuait les gens ou on les emmenait ailleurs pour les exécuter. Ce sont les militaires qui tenaient la barrière et qui tuaient les gens. Dans ses dépositions, il a bien parlé d’un Interahamwe du nom de Fidèle qui l’a épargné: il savait pourtant bien que le témoin était Tutsi. SIMBIKANGWA venait bien à la barrière pour donner des ordres aux autres militaires.

Et les liens entre Benoît et SIMBIKANGWA? « Si ma mémoire est bonne, c’est lui qui m’a demandé ma carte d’identité à la barrière. Pour la deuxième fois, SIMBIKANGWA m’a demandé ma carte, ils étaient assis ensemble dans la voiture. En plus? c’est Benoît qui dirigeait l’attaque contre moi. »

Le témoin confirme que SIMBIKANGWA avait demandé qu’on le tue.Je suis allé à la maison. Quand ils ont su que je n’étais pas mort, Benoît a mené une attaque là ou nous habitions, c’est ce que je vous ai dis au début. Par contre j’ai vu des armes parvenir de chez lui. De la barrière, il est possible de voir ce qui se passe chez SIMBIKANGWA. Tout d’abord, le fusil que Benoît donne, c’est là qu’il l’ a pris, il passe à la barrière et remonte pour se rendre chez SIMBIKANGWA, il est revenu avec les fusils qu’il a donnés aux Interahamwe.Benoît se déplaçait à bord d’un pickup volé.Le témoin confirme que l’accusé collaborait bien avec Benoît.

Le président rappelle au témoin que lors d’une confrontation avec l’accusé ce dernier avait dit que tout ce que vous disiez était faux. Monsieur NYIRIGIRA s’explique: « Je dis la vérité. Je ne savais pas qu’il allait être conduit devant la justice. J’ai raconté des choses que j’ai vécues. Ce sont des choses que j’ai dites qui m’ont marqué dans mon cœur, qui font partie de l’histoire de quelqu’un qu’on ne pourrait pas oublier. J’ai été amené de force à la barrière. On venait de leur donner la bière qu’on avait à la maison. Je suis allé à la barrière, moi-même je ne m’y sentais pas en sécurité puisque je me disais qu’à un moment ou un autre je risquais de mourir. »

Monsieur l’avocat général fait confirmer au témoin tous les propos qu’il a tenu concernant le rôle de l’accusé dans la distribution des armes. Il fait allusion les paroles que ce dernier aurait tenus: «  Vous avez un souvent précis des termes employés? » Le témoin se souvient. il a dit très en colère “Que les Hutu  étaient exterminés pas le FRP. Que l’on ne devait laisser passer aucun Tutsi et qu’on ne peut se baser uniquement sur les aspects du visage. »L’homme de loi fait remarquer le témoin n’a jamais varié dans ses dépositions et que c’est un témoin crédible.

Maître EPSTEIN fait remarquer au témoin qu’il dit la même chose sur SIMBIKANGWA que sur ZIGIRANYIRAZO lors de son témoignage devant le TPIR. Le témoin de répondre qu’il n’y a rien d’étonnant puisqu’ils ont fait les mêmes choses. L’avocat pense le contraire et s’étonne que le témoin ait pu voir ce qui se passe chez SIMBIKANGWA de là où il se trouve(100/200m).

Maître BOURGEOT met en doute le témoignage du témoin qu’elle ne trouve pas crédible. Le témoin de répondre: « J’ai dis la manière dont j’ai échappé à la mort, chaque fois je l’ai expliqué. Pour la première attaque, j’ai refusé d’ouvrir. Quand ils sont revenus, on les a amadoués avec de la bière. Ils m’ont dit d’aller à la barrière pour aider les autres: ce n’est pas a moi qu’une telle question devrait être posé. On m’a déjà posé cette question à plusieurs reprises. On m’a déjà demandé pourquoi je n’ai pas été tué. C’est un miracle divin. Pour ce qui concerne, la dernière fois, quand je suis dans la maison alors qu’il m’attendaient tous devant la maison, je suis passé par l’arrière-cour, la maison des voisins, j’ai eu de la chance car ils cherchaient dans la maison et par chance à mon retour ils étaient déjà repartis. Quand je suis revenu il y avait ceux avec qui j’étais habitué et ils ne m’ont pas tué. Vous pouvez lire mon témoignage. Vers 4h du matin, pour qu’ils ne me retrouvent pas sur place, un ami militaire m’a accompagné et j’ai pu trouver un autre refuge. En revenant, le militaire a dit qu’il m’avait tué. Maître BOURGEOT met en doute le témoignage.

Maître EPSTEIN cuisine à son tour le témoin pour souligner les contradictions qu’il a débusquées dans ses déclarations concernant les barrières et la provenance des armes distribuées par Benoît.

Le président donne la parole à SIMBIKANGWA. « Je n’ai pas beaucoup de choses à dire en plus. Il y a un mot surprenant, soyons logique. Ce monsieur disait qu’il y avait ce Benoit et un Capitaine. J’ai donné ordre à un Caporal de le tuer du 11 au 23, j’ai envoyé des gens, Dieu l’a sauvé… C’est une sornette ou c’est quoi ? Ou bien j’étais chef ou je n’avais pas le pouvoir sur cet homme. »

On s’en tiendra là pour ce soir. Le président suspend l’audience à 21h20.

Alain GAUTHIER, président du CPCR.

 

 

 

 

 

 

 

 

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