Procès en appel de Ngenzi et Barahira. Lundi 2 juillet. J36

 

Madame la présidente a deux arrêts à rendre concernant des conclusions déposées par la défense.

La première conclusion concerne la demande de la défense de NGENZI. Elle souhaitait la comparution de James KABAREBE et celle de Franck NZIZA : la défense avait refusé de passer outre. La Cour rejette la demande : l’attentat contre l’avion d’HABYARIMANA ne concerne pas cette affaire, la demande d’entendre les témoins n’a jamais été faite au cours de l’instruction, la Cour n’a aucun pouvoir de contrainte sur des témoins résidant à l’étranger.

Concernant la seconde conclusion, celle de maître BOURGEOT, la Cour la rejette pour les mêmes arguments donnés lors de la réponse au transport sur les lieux, demande faite par la défense de NGENZI. En ce qui concerne la demande d’un supplément d’information, la Cour fait part de son rejet.

 

Madame la présidente donne lecture de plusieurs PV d’audition de témoins à la demande de la défense de BARAHIRA : Anaclet GAHAMANYI, Joas NSHIMYIMANA et Jean BALIGIRA.

Enfin, est donnée lecture d’une lettre que BARAHIRA a reçue de sa belle-mère.

Monsieur l’avocat général souhaite qu’on visionne un extrait d’une confrontation entre BARAHIRA et plusieurs témoins du Rwanda, dont Osée KAREKEZI. Dans ce court extrait, BARAHIRA déclare clairement que, le 13 avril, il a bien parlé avec NGENZI, ce qu’il conteste aujourd’hui.

Les accusés sont alors invités à réagir. BARAHIRA revient donc sur ses déclarations. Quant à NGENZI, il confirme que ce jour-là il n’a pas vu l’ex-bourgmestre et qu’il n’a donc pas pu lui parler. Si BARAHIRA a pu dire le contraire, il ajoute : « Ses déclarations ne sont pas les miennes. »

BARAHIRA avait prétendu qu’il n’avait pas pu lire ses déclarations car il avait des problèmes de lunettes, alors qu’il en porte sur la vidéo. « Ce sont des lunettes qu’on m’avait prêtées ! » déclare l’accusé, déclaration qui provoque des rires dans la salle.

L’avocat général demande à BARAHIRA s’il a eu des contacts avec NGENZI pour harmoniser leurs dépositions. L’accusé reconnaît qu’il a téléphoné à son épouse mais qu’il n’a pas eu de contacts avec son mari. Sur insistance de l’avocat général, BARAHIRA concède qu’il a bien eu les coordonnées de NGENZI, puis finit par reconnaître qu’il a dû l’appeler une fois à Mayotte. (NDR. Accouchement douloureux !)

A NGENZI de donner sa version. « BARAHIRA ne m’a pas dit qu’il quittait Benako. Je ne me souviens pas que BARAHIRA m’ait appelé. Il n’a jamais été mon ami, juste une connaissance. Je n’ai pas le souvenir d’avoir échangé avec lui par mail. »  Il avait pourtant son adresse.

Maître CHOUAI vole au secours de son client et déclare sans sourciller : « Ce que dit l’avocat général, c’est du pipeau, c’est du pipeau (sic). »

Madame la présidente annonce qu’elle va bientôt clôturer l’instruction et demande aux accusés s’ils auraient quelque chose à dire. Elle veut s’assurer qu’ils ont bien dit tout ce qu’ils avaient à dire.

NGENZI commence par dire qu’il s’inquiète de la sécurité politique du pays ! (NDR. Ce n’est pas trop ce qu’on lui demande !) « Sur les faits, je pense que c’est suffisant. »

Au tour de BARAHIRA de s’exprimer : « Je demande à la Cour de bien me comprendre. Je n’ai pas parlé avec NGENZI. Je n’ai fait que rapporter les paroles du groupe. » Il revient sur l’épisode de la réparation électrique : il a réparé une panne avec Augustin KANA. « J’espère que la Cour a compris la véracité de cette panne ! » (NDR. Ce n’est pas sûr du tout. C’est une histoire qui a surpris beaucoup de monde. »

« D’ailleurs, demande madame la présidente à NGENZI, l’électricité était vraiment revenue ? » NGENZI déclare qu’à ce moment de la journée, il n’avait pas besoin d’électricité !

Madame la présidente déclare que l’instruction à l’audience est terminée. A partir de maintenant, il ne sera plus possible de revenir sur les débats. Place aux parties civiles pour leurs plaidoiries.

Alain GAUTHIER, président du CPCR.

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