Sans attendre la décision des juges parisiens concernant la demande d’extradition vers le Rwanda qui vise Hyacinthe Nsengiyumva, le CPCR (Collectif des Parties Civiles pour le Rwanda) a décidé de déposer une plainte pour génocide à son encontre. Interpellé le 9 août dernier suite à un mandat d’arrêt international et placé sous écrou extraditionnel, il a été remis en liberté à l’issue de l’audience de la Chambre de l’Instruction de Paris le 9 novembre 2011. Il est de nouveau convoqué au TGI de Paris le 11 janvier prochain. Même si les juges du TPIR ont enfin décidé d’extrader vers le Rwanda un ressortissant rwandais, monsieur Uwinkindi, pour y être jugé, il n’est pas du tout certain que les juges français considèrent cette décision importante comme jurisprudence : jusqu’à ce jour, aucun Rwandais accusé de génocide et réclamé par la justice Rwandaise n’a été extradé vers le Rwanda.
Ministre des Travaux Publics au sein du gouvernement intérimaire rwandais pendant le génocide, fondateur des FDLR au Zaïre après sa fuite en juillet 1994, monsieur Nsengiyumva Hyacinthe Rafiki a rejoint la France où il vit. Avant avril 1994, Hyacinthe Nsengiyumva a participé à plusieurs réunions de préparation du génocide, parfois aux côtés de Bagosora (condamné par le TPIR à la prison à perpétuité en première instance, peine scandaleusement ramenée à 35 ans de prison en appel). Dès avril 1994, monsieur Nsengiyumva a pris une part active dans l’extermination des Tutsi, surtout dans sa région d’origine, à Gisenyi, près de la ville frontalière de Goma. Fondateur de la milice des extrémistes du PSD, les Abakombozi, frères de combat des Interahamwe, il a livré des armes à ses hommes. Il serait directement impliqué dans la mort de plusieurs Tutsi, en particulier lors de l’attaque de l’église de Nyundo, à une dizaine de kilomètres de Gisenyi.
Cette plainte est la vingt-quatrième déposée par le CPCR à l’encontre de présumés génocidaires rwandais présents sur le sol français. Aucun procès n’a encore eu lieu. Si la mise en place du « pôle crimes contre l’humanité » au TGI de Paris nous a réjouis, nous n’en restons pas moins très vigilants. Seuls pour nous les résultats compteront.