Plainte contre Agathe Habyarimana Kanziga

Le génocide des Tutsi du Rwanda a été accompli, il y a bientôt treize ans, sous le regard du monde entier. La mort du Président Habyarimana, loin d’être à l’origine du génocide, a donné le signal à l’Armée rwandaise, à la Garde Présidentielle et aux milices pour commencer le « travail » d’extermination programmé de longue date.

Parmi les personnes qui préparèrent et organisèrent ce génocide, il faut compter Mme Agathe Kanziga Habyarimana, la veuve du président défunt, qui vit actuellement en France où elle vient de demander l’asile politique.

Le CPCR (Collectif des Parties Civiles pour le Rwanda), assisté par Maîtres Michel Laval et Sophie Dechaumet, Avocats à la cour d’appel de Paris, a décidé de déposer plainte contre Mme Agathe Kanziga Habyarimana pour complicité de génocide et complicité de crimes contre l’humanité en raison du rôle qu’elle a joué dans les événements qui ont mené au génocide des Tutsi du Rwanda.

Drôle de réfugiée. Alors que le génocide commençait, Madame Agathe Kanziga Habyarimana a été exfiltrée par l’armée française lors du rapatriement des ressortissants étrangers présents au Rwanda. Accueillie en France avec des fleurs et un pécule en provenance du Ministère de la Coopération en avril 1994, elle n’avait jamais été inquiétée jusqu’ici. Elle mène une vie de notable dans certains milieux de la France-Afrique. Déboutée en termes particulièrement sévères de sa demande du statut de réfugiée par l’OFPRA, Madame Agathe Kanziga Habyarimana a déposé un recours auprès de la Commission de Recours des Réfugiés qui rendra sa décision le jeudi 15 février prochain.

Une politique étrange de la France. Depuis 1994, la France est devenue le refuge de nombreux génocidaires. Leur présence sur le sol français va à l’encontre des valeurs républicaines. En effet, alors que la France a dans son arsenal judiciaire une loi de compétence universelle qui l’autorise à juger les responsables de crimes de génocide vivant sur son territoire quel que soit le lieu du crime, jamais aucune des poursuites qui ont été engagées à ce jour n’ont donné lieu à procès. Cette impunité qui ne doit rien au hasard, fait le lit d’un négationnisme d’une rare virulence. Des publications récentes ont tenté de réécrire l’histoire du Rwanda en laissant clairement entendre que les victimes auraient organisé leur propre extermination. Des lobbies se sont constitués pour exercer de puissantes pressions. La récente ordonnance du juge Jean-Louis Bruguière et la divulgation dont elle a fait l’objet ont largement participé à cette mystification conduisant à une grave crise politique et diplomatique entre le Rwanda et la France. Les responsables politiques ne semblent pas troublés par cette situation alors que la France est mise en accusation pour sa politique d’aide et d’assistance au régime du Président Habyarimana.

Le crime de génocide est un crime imprescriptible, un crime dont les responsables doivent être poursuivis quel que soit l’endroit où ils ont cherché asile.

Le CPCR est fermement décidé à poursuivre ce combat pour que justice soit enfin rendue aux victimes du génocide et à leurs familles, car sans cette justice, il ne peut y avoir de véritable réconciliation.

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