La nouvelle du décès de Jean de Dieu MUCYO, ami du CPCR et un ami personnel, nous a plongés dans une grande tristesse. Nous nous étions récemment croisés à Kigali et nous étions fait la promesse de nous voir au plus vite. Ce rendez-vous n’aura pas lieu: la vie, ou plutôt la mort, en a choisi autrement.
Jean de Dieu n’aurait probablement pas aimé les louanges superflues: il aimait la simplicité, était d’une grande humilité. Le génocide des Tutsi lui avait arraché une grande partie de sa famille et sa vie a été essentiellement consacrée aux rescapés, que ce soit comme ministre de la Justice, comme Procureur général ou comme Secrétaire exécutif de la Commission Nationale de Lutte contre le Génocide (la CNLG). Plus récemment, il avait été nommé sénateur. Il avait donné son nom à la Commission qui avait souligné et dénoncé le rôle des responsables politiques et militaires français dans le génocide perpétré au Rwanda en 1994. Cela lui avait valu quelques inimitiés, tout particulièrement en France qui a accueilli nombre de personnes soupçonnées d’avoir participé au génocide. Le combat du CPCR pour la justice lui tenait à coeur.
Son départ nous attriste et nos pensées vont d’abord à sa famille, à ses proches, à ses amis, à son pays qu’il n’a cessé de servir. Son départ nous attriste mais doit aussi nous rendre plus forts et plus déterminés dans la poursuite de ceux qui, ayant des responsabilités dans le génocide, coulent des jours paisibles sur le sol français. La condamnation de messieurs NGENZI et BARAHIRA à la réclusion criminelle à perpétuité le 6 juillet dernier, par la Cour d’assises de Paris, l’avait profondément réconforté: il m’en avait fait la confidence.
Dans moins d’un mois, la Cour d’assises de Bobigny aura à rejuger Pascal SIMBIKANGWA, condamné pour génocide à 25 ans de prison le 14 mars 2014. Nous aurons une pensée pour notre ami Jean de Dieu et puiserons dans le souvenir de ce qu’il a été pour nous des forces nouvelles.
Alain GAUTHIER, président du CPCR