Comme on pouvait s’y attendre, mais comme on doit aussi le regretter, et même le dénoncer, dix des onze candidats à l’élection présidentielle ont ignoré la lettre ouverte que le CPCR et l’ACPCR leur avaient adressée. Étonnant?
Le Rwanda? Le génocide des Tutsi? Deux sujets tabous pour nos responsables politiques français. On sait que depuis des années le Pays des Mille Collines n’existe pas au Quai d’Orsay. Les relations diplomatiques entre nos deux pays sont au plus bas. Il faut dire que depuis 1994, ceux qui ont été complices des forces génocidaires ne sont toujours pas très loin des forces qui décident et il est impossible de leur faire entendre raison. Dès qu’on ose aborder la question, on passe pour des tenants de l’anti-France.
Dans la lettre ouverte que nous leur avions adressée, nous n’abordions pas directement des questions politiques. Nous voulions simplement rappeler que notre pays, la France, héberge de nombreuses personnes qui ont participé au génocide et qui n’ont toujours pas été jugées. Ne serait-il pas temps de le faire? Ne serait-il pas temps de mettre plus de moyens au service de la justice? Trois condamnations en 23 ans!
Bien sûr, les citoyens français sont confrontés à de graves difficultés: chômage, paupérisation des campagnes, terrorisme, abandon des banlieues, inquiétude de la jeunesse devant l’évolution d’un monde qui ne leur convient plus, guerres qui massacrent des innocents… Mais on ne peut passer aux oubliettes de l’Histoire des événements qui ont souillé l’humanité au risque de les voir revenir: le génocide des Tutsi au Rwanda fait partie de ces drames. Il est impossible d’oublier. Et la JUSTICE est un chemin obligé.
Alors, le silence de la quasi totalité des candidats (seule Nathalie ARTHAUD a répondu), nous choque. Le dédain dont ils ont fait preuve ne les honore pas. Mais comptez sur la détermination des membres du CPCR et de l’ACPCR: nous continuerons à être la mouche du coche, nous continuerons à exiger que les personnes qui sont soupçonnées d’avoir participé au génocide des Tutsi et qui vivent complaisamment sur le sol français soient jugées.
Alain GAUTHIER, président du CPCR.