Le CPCR dépose une nouvelle plainte pour génocide.

 
Le 23 novembre dernier, le CPCR a déposé une nouvelle plainte contre une personne soupçonnée d’avoir participé au génocide des Tutsi d’avril à juillet 1994  (nous communiquerons avec plus de précisions un peu plus tard sur cette nouvelle affaire). Cela porte à 23 le nombre de plaintes déposées par notre association, sans compter celles dans lesquelles le CPCR s’est porté partie civile et qui étaient pré-existantes à sa création (MUNYESHYAKA, MUNYEMANA, BUCYIBARUTA, SERUBUGA, KAYUMBA et NERETSE). Une occasion de faire le point sur l’ensemble des affaires.
A ce jour, trois génocidaires seulement ont été jugés et condamnés: 25 ans de prison pour SIMBIKANGWA et perpétuité pour messieurs NGENZI et BARAHIRA. Leur procès en appel se déroulera du 2 mai au 6 juillet 2018. Claude MUHAYIMANA a été récemment déféré devant la Cour d’assise de Paris. Il aurait fait appel de l’Ordonnance de Mise en Accusation des juges d’instruction (OMA), façon de gagner un peu de temps!
Pierre TEGERA a bénéficié d’un non-lieu, les investigations ne pouvant porter que sur l’année 1994! Une autre façon de ne pas rendre véritablement la justice! Nous n’avions pas d’éléments pour faire appel.
Wenceslas MUNYESHYAKA, le prêtre de la Sainte Famille qui officie depuis de longues années à Gisors, diocèse d’Évreux, a lui aussi bénéficié d’un non-lieu mais les parties civiles ont fait appel. L’audience  devait se dérouler le 8 novembre devant la Chambre de l’Instruction de la Cour d’appel de Paris, mais elle a été reportée au 31 janvier 2018. L’abbé MUNYESHYAKA n’est poursuivi que depuis … 1995!
Fabien NERETSE, que nous avions retrouvé à Angoulême, a été extradé vers la Belgique où il devrait être jugé. Dominique NTAWUKURIRYAYO, débusqué à Carcassonne où il travaillait au sein de la Pastorale des migrants, a été extradé vers le TPIR, jugé et condamné à 20 ans de prison.
Plusieurs instructions ont été clôturées ou devraient être sur le point de l’être, mais nous attendons toujours des nouvelles: affaires BUCYIBARUTA (préfet de Gikongoro en 1994), MUNYEMANA, RWAMUCYO, TWAGIRA (trois médecins), Joseph HABYARIMANA et tant d’autres (liste sur le site du CPCR). Nous avons des raisons d’être inquiets: Claver KAMANA est décédé le 17 août, sans avoir été jugé. D’autres prévenus sont âgés, voire en mauvaise santé,  et il est à craindre qu’ils échappent à la justice, ce qui serait profondément scandaleux. Quant à madame Agathe KANZIGA, épouse du président HABYARIMANA, il semblerait que personne n’ait envie de la voir rendre des comptes à la justice. La plus célèbre des sans-papiers a fait appel à la Cour Européenne des Droits de l’Homme!
Nous continuons à dénoncer le fait que la Cour de cassation ait toujours refusé d’extrader les personnes soupçonnées d’avoir participé au génocide et réclamées par leur pays. Et ce, sous le prétexte fallacieux que « la loi organique qui punit le génocide au Rwanda est postérieure au génocide »! Comprenne qui pourra. Pour nous, un déni de justice!
A l’heure où un des derniers Nazis vient d’être incarcéré malgré son grand âge, nous redisons notre impatience, qui se mue parfois en colère, devant les délais imposés par la justice française aux victimes du génocide et à leurs proches. Le crime de génocide est imprescriptible mais il ne faudrait pas attendre que la plupart des témoins, rescapés ou bourreaux, ne disparaissent sans que justice ait été rendue. Malgré le silence de la classe politique, ou son refus de nous entendre, notre détermination reste intacte.
Alain GAUTHIER, président du CPCR

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