Nous venons d’apprendre, plus d’un mois après la décision de la Cour d’Appel de Lyon, la remise en liberté de Claver Kamana, accusé d’avoir activement participé au génocide des Tutsi perpétré au Rwanda en 1994. Cette décision, prise en catimini, est un nouvel affront à la mémoire des victimes du génocide. La décision de la Cour de Cassation d’annuler l’extradition de Kamana vers le Rwanda, le 9 juillet dernier, avait déjà choqué tous ceux qui pensent que ce présumé génocidaire porte de lourdes responsabilités dans la mise en place et l’exécution du génocide. Sa libération vient renforcer l’idée que les victimes n’ont que peu de place dans le cœur et la pensée de ceux qui prennent de telles décisions. Les avocats de la défense se réfèrent toujours aux Droits de l’Homme pour réclamer la mise en liberté de leurs clients ou pour se réjouir de leur libération. De quels Droits de l’Homme parlent-ils ? Et des droits de quels hommes ? Il semblerait que les bourreaux aient beaucoup plus de droits que les victimes.
Cette libération, révélée plus d’un mois après la décision, nous rappelle que le combat contre les présumés génocidaires est un combat de longue haleine, un combat du pot de fer contre le pot de terre. L’idée que des présumés génocidaires puissent être remis en liberté nous révolte : les crimes dont ils sont accusés sont les plus graves qui puissent exister, et ils sont heureusement imprescriptibles. Le CPCR et tous ceux qui luttent pour que justice soit rendue sont déterminés à ce que tous les présumés génocidaires qui ont trouvé refuge en France rendent des comptes à la justice afin que leurs crimes ne restent pas impunis. La justice, pas la vengeance, la justice au service de la vérité. Les victimes que nous représentons comptent sur notre détermination.
Dernière minute. Nous apprenons que Marcel Bivugabagabo, en écrou extraditionnel à Toulouse depuis plusieurs mois et dans l’attente d’une décision d’extradition vers le Rwanda, a lui aussi été remis en liberté dans l’indifférence générale. Nous attendons avec intérêt la décision qui devrait être prise demain 9 septembre, à moins que cette décision soit mise en délibéré. Notre indignation rejoint celle que nous avons exprimée lorsque nous avons appris la mise en liberté de Claver Kamana.