La publication du rapport Mucyo sur le rôle de l’état français (et non de la France) dans le génocide perpétré au Rwanda en 1994 n’apporte pas de véritables révélations sur ce que l’on savait déjà. L’état français a manifestement aidé un état rwandais qui préparait le génocide des Tutsi (et non le génocide rwandais, expression trop souvent utilisée comme raccourci mais inacceptable dans la mesure où elle vient nier la définition même de génocide), l’état français a soutenu politiquement et militairement un état génocidaire, l’état français a aidé à la formation des milices Interahamwe de sinistre mémoire, l’état français, par son armée, a été présent sur les barrières… De nombreux témoignages évoquent des viols auxquels des militaires français auraient participé, récits qui provoquent le dégoût. L’état français a continué à livrer des armes aux forces génocidaires repliées au Congo, même si on peut regretter la publication d’un document que beaucoup s’accordent à considérer comme un faux (page 295), document qui ne doit pas cependant jeter le discrédit sur l’ensemble d’un rapport que l’on se doit de prendre au sérieux.
Devant des témoignages aussi accablants, il serait indispensable, comme l’a réclamé l’association Survie, que la France crée une « Commission d’enquête parlementaire » afin que la lumière soit faite sur des faits que tout citoyen français ne peut accepter. Nous avons besoin de vérité. Tout citoyen a droit de savoir ce que l’état fait en son nom. Seule cette vérité pourra permettre aux deux états de reconstruire des relations sur des bases solides.
Une crainte cependant. Que ce nouvel épisode dans les relations franco-rwandaises ne vienne parasiter les poursuites judiciaires engagées contre des présumés génocidaires présents sur le sol français. Les parties civiles doivent rester vigilantes et ne peuvent tolérer tout nouveau retard dans l’établissement de la justice, au service de la vérité. Seule la justice pourra rendre aux victimes leur dignité bafouée.