21 ans de prison. C’est la peine que la justice norvégienne vient de prononcer à l’encontre de Sadi Bugingo pour sa participation au génocide des Tutsi perpétré au Rwanda en 1994. C’est dans sa commune d’origine de Kibungo, est du Rwanda, que monsieur Bugingo a commis ses crimes.
Cette condamnation devrait une nouvelle fois interpeller la justice française qui, à ce jour, n’a traduit en justice aucun présumé génocidaire rwandais en résidence sur le sol français.
Nous avons tout récemment rencontré deux des trois juges d’instruction en charge des dossiers rwandais au « pôle crimes contre l’humanité » au TGI de Paris. Ils nous ont réaffirmé leur détermination à poursuivre leurs investigations au Rwanda. Même s’ils privilégient quelques dossiers prioritaires, en particulier Simbikangwa et Ngenzi qui sont détenus dans des prisons parisiennes, ils ont le souci de mener de front le maximum d’affaires. Aucune promesse ne nous a été faite quant à l’organisation d’un procès en assises à Paris, mais comme nous l’avons déjà évoqué, il ne serait pas impossible qu’une affaire soit jugée fin 2013, début 2014. Nous n’avons aucune raison de mettre en doute leurs propos d’autant que, récemment nommés, ils reconnaissent les errements de la justice française depuis près de vingt ans. Ils ont bien conscience aussi que la classe politique manifeste une grande indifférence à l’égard du génocide au Rwanda. De leur côté, ils feront tout pour que les choses changent.
Si nous soutenons le travail des juges, par contre, nous ne cesserons de dénoncer les décisions des magistrats en charge des extraditions chaque fois qu’ils refuseront de répondre positivement aux demandes des autorités rwandaises. De leur côté, ces dernières doivent éviter de confondre les deux instances. Si nous voulons que des procès aient lieu en France dans des délais qui, depuis longtemps, ne sont plus raisonnables, il faut permettre aux juges d’instruction et aux gendarmes de faire leurs enquêtes sur le terrain dans les meilleures conditions.