Le 15 juin 2010, les avocats du CPCR, Collectif des Parties Civiles pour le Rwanda, ont déposé auprès du doyen des Juges d’Instruction de Toulouse une plainte avec constitution de partie civile à l’encontre de Monsieur Joseph Habyarimana, domicilié à Muret, pour crime de génocide. De manière tout à fait étrange et incompréhensible pour les victimes, cette plainte est restée longtemps sur le bureau des juges sans qu’il soit possible de savoir ce qu’il en advenait. Nous apprenons aujourd’hui que ce dossier a été transmis au procureur adjoint depuis un mois et que ce dernier devrait saisir la Cour de Cassation, toutes les affaires concernant le génocide perpétré au Rwanda devant être transférées au TGI de Paris selon une ordonnance de 2001.
Nous ne pouvons qu’élever une vive protestation pour le retard mis à traiter une telle affaire. Qui peut en effet comprendre une telle inertie de la justice française ? Alors que nous nous apprêtons à commémorer le génocide des Tutsi au Rwanda pour la dix-septième année, aucun procès n’a encore eu lieu en France contre des présumés génocidaires. Cette situation est intolérable pour tous ceux qui attendent que justice leur soit rendue.
« Les victimes de la barbarie humaine ont le droit de voir leurs bourreaux poursuivis et condamnés […]
Les personnes suspectes de génocide, de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité doivent être jugées. Elles le seront ».
(Kouchner et Alliot-Marie, Le Monde du 6 janvier 2010)
Nous ne voulons pas croire que de tels propos aient été tenus à la légère par de hauts responsables politiques français. Depuis des années, nous nous battons pour que tous ceux qui sont suspectés de s’être rendus coupables de crime de génocide au Rwanda en 1994 soient jugés. Si les instances qui sont habilitées à rendre justice mettent si peu d’empressement à traiter les dossiers, on doit légitimement dénoncer cette inertie qui ressemble étrangement à une volonté délibérée de ne pas juger.
Le cas de monsieur Joseph Habyarimana n’est qu’un exemple insupportable parmi d’autres de l’indifférence avec laquelle sont traitées ces affaires. Combien de temps encore les victimes du génocide perpétré au Rwanda en 1994 devront-elles subir de tels affronts ?
Les rescapés ne demandent que la justice.