Expo Vies d’APRÈS au Camp des Milles

L’Etal du boucher, Gisenyi, Rwanda ©Bruce Clarke

 

« Vies d’APRÈS : des artistes face au génocide des Tutsis du Rwanda »
une exposition de Bruce Clarke
au site-Mémorial du Camp des Milles
du 15 mars au 09 juin 2024 / entrée libre

Vernissage le 14 mars 2024 à 19h00
Échange avec les intervenants :
Boubacar Boris DIOP, auteur de  » Murambi, le livre des ossements ».
Dafroza et Alain GAUTHIER, CPCR.
Jeanne UWIMBABAZI, rescapée du génocide des Tutsi.
Bruce CLARKE, artiste plasticien.

Il y a trente ans, le génocide au Rwanda a visé les Tutsi, membres d’une minorité stigmatisée. Comment « cela » a-t-il été possible ? Des mots aux actes racistes, de la parole à la persécution, comment décide-t-on finalement d’abolir toute humanité en l’Autre ?

Et d’abandonner sa propre humanité en se livrant au pire, en devenant bourreau ?

Aujourd’hui, Bruce Clarke présente une résistance artistique, contre l’oubli et la réitération d’un engrenage meurtrier, ici ou ailleurs.

Le projet « Les Hommes debout » (Abantu Bahagaze Bemye en Kinyarwanda et Upright Men en anglais) s’inscrivait initialement dans le cadre de la XXème commémoration du génocide des Tutsis du Rwanda en 2014 et a été sollicité à maintes reprises depuis.
L’ idée est simple et puissante : il s’agit de peindre des hommes, des femmes et des enfants, debout et dignes, sur l’extérieur des lieux de mémoire au Rwanda et ailleurs dans le monde. Les figures, plus grandes que nature, esquissées mais affirmées, sont témoins d’une histoire douloureuse. Elles représentent la dignité et la droiture des êtres humains qui ont été confrontés à la déshumanisation qu’implique ce génocide. L’intention est de redonner une présence aux disparus et de restaurer l’individualité des victimes, de rendre leur dignité aux disparus, aux survivants ainsi qu’à l’ensemble des Rwandais.
« Les Hommes debout » symbolisent un peuple qui reste debout ; ils disent aux passants qu’ici ont vécu et péri, des femmes, des enfants et des hommes dignes que nous n’oublierons pas.

Depuis le vingtième siècle, et contrairement aux guerres précédentes, les civils sont devenus les victimes principales dans les conflits armés. Au Rwanda, les femmes, au-delà de leur statut de civiles, ont subi un acharnement sadique en raison de leur genre. Le génocide n’a fait qu’exacerber les inégalités entre les femmes et les hommes.

Durant cette période, les femmes ont été victimes de violences physiques, sexuelles et mentales. Le viol a touché entre 300 000 et 500 000 femmes et plus de 66 % d’entre elles ont ensuite été testées positives au VIH. L’utilisation de la violence massive contre les femmes tutsies visait en effet à annihiler le groupe ethnique dans son ensemble en s’en prenant à la source de la vie. Si les femmes furent des victimes particulièrement touchées par la politique génoci- daire, elles se révélèrent des actrices essentielles de la reconstruction et de la transmission de la mémoire post-genocide.

A la fin du génocide, les femmes représentaient 70 % de la population survivante. C’est alors le début d’un long processus de résilience, de réconciliation et de reconstruction nationale dans lequel les femmes, grâce à leur volonté et détermination, vont jouer un rôle prépondérant. Seules à la tête de leur famille, les femmes se sont mobilisées dans des associations pour s’entraider, adopter des orphelin·e·s ou encore réhabiliter les réfugié·e·s.

Au cœur de la société rwandaise, les femmes « debout » résistent à toute forme de déshumanisation, elles (re) tissent dans la dignité les liens perdus, elles sont les fers- de-lance du relèvement du pays, notamment en créant l’association des veuves du génocide d’avril (AVEGA) ainsi que les médiatrices de la mémoire qui se transmet aux générations futures.

Pour la trentième commémoration en 2024, les Hommes debout deviennent Abagore Bahagaze Bemye, Les Femmes debout. Elles seront présentes au Rwanda en avril 2024[1].

 

Catalogue de l’exposition:
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  1. Lire également « Les femmes ont été les piliers de la reconstruction au Rwanda », analyse l’artiste Bruce Clarke dans L’Humanité du 4 avril 2024[]

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