Attentat du 6 avril 1994: non-lieu confirmé

Les juges d’instruction en charge de l’information judiciaire sur l’attentat du 6 avril 1994 contre l’avion du président HABYARIMANA ont rendu le 21 décembre une ordonnance de non-lieu, suivant en cela les réquisitions du procureur. C’est le juge Jean-Louis BRUGUIERE qui avait, dès 2006, jeté un écran de fumée sur une affaire qui, depuis, envenime les relations entre le Rwanda et la France.

Les juges Jean-Marc HERBAUT et Nathalie POUX, qui avaient hérité du dossier après Marc TREVIDIC , se sont rendus à l’évidence qu’il n’y avait pas de charges suffisantes pour renvoyer devant la justice sept personnalités rwandaises proches du président Paul KAGAME. Cette décision tant attendue ne surprendra que ceux qui tenaient à tout prix à mettre en cause les responsables du FPR dans un attentat que l’on considère toujours comme « l’élément déclencheur » du génocide des Tutsi. Or, le génocide était en marche depuis de nombreux mois: l’attentat contre l’avion de Juvénal HABYARIMANA n’étant que le signal donné à la garde présidentielle, aux militaires et autres gendarmes, aux miliciens, de terminer le « travail » commencé par de hauts responsables de l’entourage de l’Akazu et des extrémistes du régime.

Nous apprenons que l’avocat d’Agathe KANZIGA veut faire appel. Cette dernière ne doit pas oublier qu’elle est elle-même visée par une plainte initiée par le CPCR depuis 2007 et dont on aimerait bien avoir des nouvelles. Sans papiers, la veuve du président HABYARIMANA s’est tournée vers la Cour Européenne des Droits de l’Homme qui ne s’est toujours pas prononcée sur son cas. On aimerait bien être fixée aussi sur cette affaire.

En attendant, le CPCR continue son travail de justice contre les personnes soupçonnées d’avoir participé au génocide des Tutsi. L’appel de Claude MUHAYIMANA contre l’ordonnance des juges sera évoquée lors d’une audience du 29 mars: nous espérons pouvoir vivre un nouveau procès pour génocide sans trop de délais. Le procureur a publié deux réquisitoires, un à l’encontre de Laurent BUCYIBARUTA, ancien préfet de Gikongoro, l’autre à l’encontre de Sosthène MUNYEMANA, médecin à Villeneuve-sur-Lot. Dans les deux cas il est demandé leur comparution devant la Cour d’assises de Paris. Nous attendons les ordonnances des juges d’instruction. Concernant Eugène RWAMUCYO, un autre médecin, l’instruction a été récemment clôturée. Nous attendons le réquisitoire du procureur. Sans oublier de nombreuses autres affaires que nous aimerions bien voir revenir dans l’actualité. Vingt cinq ans après le génocide des Tutsi, notre impatience que justice soit rendue est toujours la même.

Alain GAUTHIER, président du CPCR

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