Après le CNED, voilà que Canal + débarque à son tour

Lors de l’émission de Canal+ « Le débarquement » diffusée hier soir, certains comédiens se sont apparemment lâchés. N’ayant pas vu personnellement l’émission, je me fie aux réactions de certains téléspectateurs qui ont manifesté leur incompréhension et leur dégoût. Il y a de quoi.

Sous prétexte de faire rire la galerie, des comédiens se sont laissé aller à des propos douteux à propos du génocide des Tutsi perpétré au Rwanda en 1994. Voulant parodier une émission de France 2, ils ont imaginé un « Rendez-vous en terre inconnue » au… Rwanda. Croyant être drôle, une comédienne a cru bon de faire part de ses difficultés à adopter un orphelin « parce que le pays en est plein depuis les massacres » (le mot « génocide » : connaît pas !). Elle a alors mis sa déception sur le compte d’une « mauvaise organisation du pays », sous-entendant que le génocide n’avait pas fait tant de victimes puisque les orphelins retrouvaient leurs familles.
Un autre comédien en a rajouté une couche (à moins que ce ne soit lui qui en tienne une bonne !) en goûtant à un plat traditionnel : « C’est du Mhutu ? Non, parce que les Tutsi et les Hutu se sont un peu chicanés ».
D’aucuns pourront prétendre que ce sont des propos de potache ou d’après boire et qu’on peut bien rire de tout, même du plus sordide. On nous répondra que nous n’avons pas d’humour, qu’il s’agissait d’un simple divertissement pour un public de période de crise !

Eh bien non ! Sans être bégueules, nous pensons que l’humour s’arrête là où la dignité des hommes est bafouée. Le génocide des Tutsi a jeté dans la mort plus d’un million de personnes, hommes, femmes, enfants, bébés, vieillards, tous innocents. Ces gens ne sont pas morts lors d’une catastrophe naturelle. Ils ont été tués pour ce qu’ils étaient et parce ce qu’un état sanguinaire avait décidé de les éliminer. C’est ce qu’on appelle un génocide.

Alors que nous nous apprêtons à commémorer le génocide des Tutsi pour la vingtième année, alors que va s’ouvrir enfin en France un premier procès d’assises contre un présumé génocidaire rwandais qui avait cru trouver dans notre pays un havre de paix, comme beaucoup d’autres d’ailleurs, nous devons consacrer une partie de notre énergie à dénoncer les dérives, qu’elles soient volontairement négationnistes, ou bien le résultat de l’ignorance, voire de la bêtise humaine, pour ne pas employer un terme plus vulgaire qui conviendrait mieux à la situation.
Malgré cela, notre détermination est sans faille. Les responsables du génocide doivent être jugés, c’est pour cela que le CPCR a été créé. « Sans haine ni vengeance », comme nous aimons à le rappeler. Et que tous ceux qui croient que l’on peut rire de tout passent leur chemin. Ils ne méritent que notre mépris.

Alain Gauthier, président du CPCR