Le CPCR était au Camp des Milles dimanche 20 septembre lors de l’adoption de l’appel « L’histoire alerte le présent ». Le lendemain était inauguré le « wagon de la déportation », un wagon restauré par la SNCF pour que tout le monde sache que, du Camp des Milles, sont partis des wagons semblables emmenant des hommes, des femmes, des enfants vers les camps d’extermination, sur les ordres de la police de Vichy.
http://www.campdesmilles.org/upload/communiques/CP_55_2.pdf
APPEL NATIONAL DU CAMP DES MILLES
LDH, LICRA, MRAP, SOS Racisme
20 septembre 2015
L’HISTOIRE ALERTE LE PRESENT
Veillons sur les valeurs de la République
Pas une voix pour les candidats du racisme et de l’antisémitisme !
« Le monde est dangereux à vivre non pas tant à cause de ceux qui font le mal mais à cause de ceux qui regardent et laissent faire », Albert Einstein.
Racisme et antisémitisme progressent dangereusement.
En France et dans le monde, ils provoquent la montée des haines et des violences, de plus en plus meurtrières.
Ils sont nourris par des discours démagogiques qui se saisissent de difficultés objectives, de peurs et de colères pour justifier l’injustifiable : la désignation de boucs émissaires et leur exclusion, au prétexte de répondre aux problèmes qu’affrontent le monde et donc, nos sociétés.
Nous connaissons ces mécaniques ; elles ont déjà malheureusement marqué notre histoire et elles resurgissent dans les moments difficiles, car les crises favorisent discriminations et atteintes aux droits de l’homme. Nous savons qu’elles conduisent à exalter la force, à pratiquer la violence, à conjuguer la haine des faibles, des minorités et des étrangers. Nous savons qu’elles déstabilisent ainsi le vivre ensemble, l’ordre public, l’idée même d’un avenir commun.
Bien que dangereuses, ces idées sont aujourd’hui au coeur du débat public, dont elles donnent trop souvent le ton. Elles entendent conquérir encore du terrain lors des prochaines élections régionales. Il est urgent d’y porter un coup d’arrêt, il est décisif que nos voix bannissent racisme et antisémitisme du débat républicain.
C’est pourquoi nos associations lancent d’une même voix un appel solennel aux électrices et aux électeurs, quels que soient leurs appartenances, leurs préférences, leurs choix politiques.
Nous avons choisi de le faire ensemble parce que nous sommes profondément opposés au racisme, à l’antisémitisme, à tous les discours et à toutes les politiques de haine et d’exclusion qui préparent, toujours, le pire.
Nous avons choisi de le faire au camp des Milles afin de rappeler que notre démocratie vit et se développe à l’ombre de l’histoire. Ce lieu, seul camp français d’internement et de déportation encore intact, témoigne en effet des persécutions et des déportations du régime de Vichy dont les héritiers et les défenseurs relèvent aujourd’hui la tête.
Nous avons choisi de le faire parce que face à un danger sociétal aussi grave, nos Associations ne peuvent réussir seules et ont besoin de l’implication de tous.
Tout indique que lors du scrutin régional la démagogie – singulièrement celle du FN mais pas uniquement -, le repli identitaire et le rejet de l’Autre vont être agités comme autant d’appels à la peur et à la haine.
Le camp des Milles fait comprendre la permanence de ces périls, il rappelle qu’on peut, qu’on doit leur résister.
C’est ce à quoi nous appelons toutes et tous. Parce que le racisme et l’antisémitisme ont un potentiel explosif et contagieux, parce que les dynamiques qu’ils engendrent deviennent vite immaîtrisables, aucun candidat ne doit impunément s’autoriser à les banaliser ou les légitimer.
Ne laissons pas ces idéologies polluer l’esprit public, contaminer les discours de certains élus dits modérés et détourner le débat démocratique du traitement sérieux des vrais problèmes sociaux, économiques, écologiques, sécuritaires, migratoires.
Aujourd´hui comme hier, ne rien faire, c’est laisser s’enclencher des engrenages mortifères pour la démocratie et pour chacun d’entre nous ; car la haine ne s’arrête ni aux frontières, ni aux « races », ni aux religions….
Nous en appelons à la capacité individuelle et collective à ne plus rien laisser passer, et à convaincre, autour de soi comme sur internet.
Il en va de notre responsabilité à tous : élus, responsables politiques, journalistes, hommes de culture et plus encore citoyens et électeurs.
Ne laissons pas la haine et la peur dicter leurs lois aux valeurs de la République ; entre une construction commune et solidaire et un repli mortifère, sachons combiner nos refus et nos choix pour porter et faire vivre les valeurs républicaines et humanistes de liberté, d’égalité, de fraternité, de laïcité, de dignité et de justice. Elles seules sont garantes de la paix civile et de l’avenir.