La Cour d’Appel de Versailles aurait enjoint le préfet de l’Essonne de délivrer un titre de séjour à Agathe Habyarimana, la plus célèbre des sans papiers. Cette injonction de la part de la justice française ne surprendra que ceux qui ne connaissent pas la complaisance manifestée par certains magistrats depuis de nombreuses années envers ceux qui sont soupçonnés d’avoir paticipé au génocide des Tutsi au Rwanda. Aucune extradition n’a été prononcée, aucun procès en assise n’a encore été organisé. Le temps jouant en faveur des bourreaux, nombre d’entre eux peuvent dormir tranquilles. Il faut cependant savoir que madame Habyarimana est poursuivie en France pour génocide, suite à une plainte déposée par le CPCR le 13 février 2007.
Comme si cette annonce ne suffisait pas, on apprend que le greffier du TPIR aurait plaidé au Quai d’Orsay la cause de trois inculpés acquittés par cette juridiction, dont le non moins célèbre Protais Zigiranyirazo, « Monsieur Z », le frère de madame Habyarimana. Probablement en raison d’un regroupement familial! Quand on connaît les circonstances dans lesquelles cet homme a été acquitté, on ne peut qu’être scandalisés par cette demande. Condamné à 20 ans de prison le 18 décembre 2008, « Monsieur Z » a été scandaleusement acquitté en appel le 16 novembre 2009 et remis immédiatement en liberté. Les juges de la Cour d’appel avaient conclu que leurs « collègues s’étaient gravement fourvoyés dans le traitement des preuves ». Acquitté pour vice de forme! Insupportable quand on connaît le passé de cet homme dans le Rwanda pré-génocidaire et pendant le génocide. Après son acquittement, ce monsieur avait poussé l’audace jusqu’à réclamer « un million de dollars d’indemnisation pour violation de ses droits ».
Espérons que la Place Beauvau, siège du ministère de l’Intérieur, restera sourde à cet appel. La présence de madame Habyarimana est déjà scandaleuse. Il faudrait y ajouter celle de monsieur Zigiranyirazo? Un regroupement familial insupportable à tous ceux qui se battent pour que justice soit rendue aux victimes du génocide. Une double décision qui devrait soulever l’indignation des citoyens français.