Affaires Munyeshyaka et Bucyibaruta: un retard inacceptable pour le Rwanda

Régulièrement, les deux affaires concernant l’abbé Wenceslas MUNYESHYAKA et l’ancien préfet de Gikongoro, Laurent BUCYIBARUTA, reviennent sur le devant de la scène. Ces deux dossiers ont été confiés à la justice française par le TPIR en 2007, après que ce tribunal international eut renoncé à réclamer l’extradition du prêtre et du préfet (ce qui ne fut pas le cas de Dominique NTAWUKURIRYAYO, jugé et condamné à Arusha). Une représentante du Rwanda a récemment exprimé à l’ONU l’impatience de son pays. Et on peut comprendre dans la mesure où la Cour Européenne des Droits de l’Homme a déjà condamné la France pour « retard apporté à rendre la justice » dans l’affaire MUNYESHYAKA le 4 juin 2014!

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La première plainte contre Wenceslas MUNYESHYAKA a été déposée en 1995 et ravivée quelques années plus tard lorsque le CPCR s’est à son tout porté partie civile, dès sa création. Une représentante du MTPI (Mécanisme pour les Tribunaux Pénaux Internationaux) qui succédera au TPIR, madame Laetitia HUSSON, est venue plusieurs fois en France pour s’assurer de l’avancée de ces deux dossiers. On nous a effectivement annoncé la fin de l’instruction de l’affaire MUNYESHYAKA pour la fin de l’année. Tout récemment, des membres du pôle génocide au TGI de Paris ont séjourné une semaine à Kigali dans le dossier du prêtre de la Sainte Famille. Restera à savoir, lorsque l’instruction sera clôturée, quelle décision prendront les juges d’instruction: nous souhaitons bien sûr que l’abbé MUNYESHYAKA soit déféré devant la cour d’assises de Paris afin que la vérité soit révélée sur le rôle du prêtre de Gisors (diocèse d’Evreux) pendant  le génocide des Tutsi au Rwanda en 1994. Vingt ans après, il faut bien reconnaître que nous ne sommes plus dans des délais raisonnables.

Est-il nécessaire de rappeler que plus de vingt cinq dossiers sont à l’instruction sur le bureau des juges d’instruction parisiens. Quatre personnes soupçonnées d’avoir participé au génocide sont détenues en France, dont Ocatvien NGENZI et Tito BARAHIRO, deux anciens bourgmestres rwandais qui ont vu leur appel contre l’OMA (ordonnance de mise en accusation) des juges d’instruction rejeté le 25 septembre. Ils se sont pourvus en cassation. Il est raisonnable de penser qu’un procès d’assises se déroulera en France dans la première partie de l’année 2015. Le docteur Charles TWAGIRA et le milicien Claude MUHAYIMANA, de Kibuye, sont eux aussi en prison dans l’attente d’une décision du parquet et des juges. Sans oublier le procès d’assises en appel de Pascal SIMBIKANGWA, condamné pour génocide à 25 ans de prison le 14 mars dernier. Toutes ces procédures nous obligent à engager des dépenses qui dépassent de loin nos possibilités. C’est la raison pour laquelle nous lançons un nouvel appel à solidarité pour aider le CPCR afin qu’il puisse mener à son terme son combat pour la justice. Seuls, nous ne pourrons assumer nos engagements même si nous sommes bien décidés à ne jamais renoncer.

 

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