Affaire MUNYESHYAKA: le pourvoi en cassation est rejeté

Comme nous le craignions, nous venons d’apprendre par l’AFP que le pourvoi en cassation que nous avions déposé à l’encontre de l’abbé Wenceslas MUNYESHYAKA a été rejeté. Cette décision, sans nous surprendre, nous laisse un goût amer. Les rescapés de l’église de la Sainte-Famille à Kigali resteront persuadés que justice n’a pas été rendue. Comme eux, nous aurions souhaité que l’abbé MUNYESHYAKA puisse s’expliquer devant la justice française pour les faits qui lui étaient reprochés. Ni le réquisitoire du Parquet, ni l’ordonnance des juges statuant pour un non-lieu ne nous auront convaincus. Il faudra se faire une raison: devant la justice des hommes, l’abbé MUNYESHYAKA sera innocent.

Pourtant, lors d’un procès en son absence à Kigali en octobre 2006, l’abbé MUNYESHYAKA avait été condamné, en même temps que le général Laurent MUNYAKAZI, à la réclusion criminelle à perpétuité. « Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au delà »!

Une page se tourne dans la poursuite des personnes soupçonnées d’avoir participé au génocide des Tutsi en 1994. La première plainte visant l’abbé MUNYESHYAKA datait de… 1995. Il aura fallu 24 ans pour arriver à cette conclusion.

Occasion nous est donnée de nous élever, une fois encore, contre les lenteurs de la justice française. Si de nouveaux moyens ne sont pas donnés au Pôle crimes contre l’humanité du TGI de Paris, les bourreaux peuvent dormir sur leurs deux oreilles: beaucoup d’entre eux ne seront jamais jugés. De 2014 à 2019, seuls deux procès se sont déroulés aux assises de Paris, en première instance et en appel,  condamnant trois génocidaires. Le compte n’y est pas.

Nous attendons toujours des nouvelles des trois Rwandais déférés devant la Cour d’assises de Paris: Claude MUHAYIMANA, Laurent BUCYIBARUTA et Sosthène MUNYEMANA qui usent de tous les recours qui leur sont donnés pour retarder leur comparution. Ces délais nous sont insupportables, non seulement pour nous mais aussi et surtout pour les rescapés et les familles de victimes.

Alain GAUTHIER, président du CPCR

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